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Plus de 10 ans publiée en maison d’édition, forcément, j’ai des choses à dire sur le sujet! J’ai connu des expériences de tous les niveaux. Celle de rêve, quand tu es traitée comme un membre de la royauté en dédicace. Attention, je parle de la royauté pré-décapitation, bien sûr. Car en France, on a tendance à tous leur couper la tête, mais on se comprend. Il y a eu des moments enrichissants sur le plan humain, d’autres sur le plan financier, on ne va pas se mentir. Ces instants de fous rires, de découvertes, de rencontres… J’en parlerai, bien sûr. 

Une maison d’édition humaine… sur le papier!

 

Aujourd’hui, j’ai plutôt envie de m’attarder sur une expérience en particulier. C’était à mes débuts, et je venais de signer avec une maison d’édition. On m’avait conseillé cet éditeur, j’y allais assez confiante. Et comme souvent avant la signature du contrat, tout semblait parfaitement se goupiller. Jusqu’à ce que… Attends, je reprends au début, c’est plus logique!

Comme je le disais, on m’a recommandé cette maison d’édition. J’y suis donc allée assez confiante: je connaissais au moins une autrice qui s’y sentait bien.

Il faut se remettre dans le contexte de l’époque. Il y avait énormément moins de choix parmi les petites maisons indépendantes qu’aujourd’hui. Une poignée était spécialisée dans la romance, pas plus.

C’était soit on décrochait un contrat chez une grosse machine de guerre, dont 2 ou 3 pas plus étaient dédiées à la romance. Soit on se tournait vers les structures plus modestes, mais à taille humaine. Ce qu’on appelle la maison d’édition familiale.

Pas du tout à l’aise à l’idée de démarcher une grosse maison d’édition, bonjour le syndrome de l’imposteur, j’ai opté pour l’entreprise plus confidentielle.

À ce moment, je n’avais sorti qu’une romance érotique. J’ai écrit un nouveau texte dans une volonté qu’il soit décalé. Décalé pour moi, hein, car visiblement, le reste du monde n’a pas saisi mon intention. Ce qui est totalement ma faute: si ton intention n’est pas limpide, c’est que tu l’as mal communiquée. Quand personne ne capte ce que tu veux faire, le souci vient de toi. Mais c’est un constat que j’ai fait bien plus tard.

Bref, me voilà avec un manuscrit qui s’apparente à de la romance paranormale, et l’envie de tester une autre maison d’édition. Bien que mon éditrice était top, et que tout se passait bien, j’avais envie de goûter l’eau ailleurs. Je n’aime pas mettre tous mes œufs dans le même panier. Je recommence avec les métaphores douteuses, pardon, je me recentre.

Encore une fois, on me recommandait cet éditeur. J’y suis allée en toute confiance. Surtout que le premier contact m’a convaincue. Un interlocuteur à l’écoute, prêt à m’impliquer dans toutes les décisions. Une lecture qui lui avait beaucoup plus… Aujourd’hui, je suis capable de dire que ça aurait dû être un avertissement. Car je renie cette histoire. Désolée pour les lectrices qui l’ont aimée, mais rien n’allait dans ce manuscrit. Rien. À part peut-être les recherches au cours desquelles je me suis régalée. Mais je m’égare, et si ça t’intéresse que je te raconte comment et pourquoi il s’agit de la romance dont je suis la moins fière, et qui n’est en réalité pas une romance, n’hésite pas à me le dire en commentaire ^^

Tout avait ainsi l’air pour le mieux lors de ma prise de contact avec cette maison d’édition. Tu connais mon sens de la mise en scène, maintenant, donc si je te dis “et là, c’est le drame”, tu devines que la suite a été beaucoup moins idyllique!

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Quand la maison d’édition commence par changer ton titre

 

A priori, je n’ai rien contre les maisons d’éditions qui proposent un changement de titre. Car le titre fait partie du marketing du livre. Alors oui, l’éditeurice est bien souvent plus expérimenté.e que moi dans ce domaine. Je le savais déjà à cette époque. On peut me reprocher un paquet d’erreurs, au début de ma carrière, mais pas de m’en remettre aux professionnels du métier.

À de nombreuses reprises, j’ai dû modifier mon titre de travail. Le titre de travail est celui que tu donnes à ton manuscrit pour l’identifier. C’est aussi celui qui peut rester, lorsque tu publies ta romance en auto-édition, par exemple. Mais dans la majorité des cas, c’est rarement celui que la maison d’édition choisira de conserver.

Ça peut être lié à divers facteurs. Celui de la mode, pour commencer. On se souvient toutes de cette tendance des titres à rallonge qui, en 2023, commence à s’essouffler. Mais prends ma romance “Et tu embrasseras mes larmes”, j’ai envie de dire “patate chaude”, comme pour bon nombre d’autres romances de ces 2 ou 3 dernières années.

La maison d’édition peut donc vouloir suivre la mode, ou simplement avoir une bien meilleure idée. Quelque chose de plus catchy. Dans le cas de ma séries le Golden Boys, les tomes portaient les prénoms des héros. Le tome 1 était “Dante”. OK, mais Fleur, tu sais que ça évoque immédiatement la Divine Comédie, et donc les cercles de l’enfer, hein? Du coup, “Nous deux à l’infini” est un bien meilleur choix. Et ça sonne tout de suite bien plus romance. Sans parler de la référence involontaire à Buzz l’éclair, qui m’a inspiré pas mal de dédicaces en mode “bonne lecture à l’infini et au-delà.

Le souci est que pour ce manuscrit en particulier, je n’étais pas super inspirée concernant le titre. Et on va dire que pour la maison d’édition, ce n’était pas plus prolifique…

Soyons claires: mon titre était nulle. Il s’agit de celui qui a été utilisé pour la réédition: Elle. Le pronom personnel “Elle”… Car c’était le prénom de l’héroïne. Alors, l’éditeur a proposé Théogonia. Sur le principe, vouloir faire une référence à la théogonie sur laquelle j’ai en partie basé ma mythologie, pourquoi pas? Mais je n’ai jamais aimé ce titre qui m’a fait direct penser à une maladie vénérienne. C’est sûrement très personnel, mais j’ai cédé en me disant de faire confiance à la maison d’édition. La discussion que nous avions eue à ce sujet aurait dû m’alerter… et je commençais d’ailleurs à être moins convaincue.

Tu notes comme j’entretiens le suspense, j’espère?

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Et si on changeait la fin, aussi ?

 

Ben oui, parce que le titre, c’est une chose. Mais lorsque la maison d’édition te dit “tu sais, ta fin, faudrait la changer…”, il faut être prudente.

Surtout si, lors de la signature du contrat, il n’a jamais été évoqué que la fin posait problème. Pour moi, c’est un manque de transparence qui allume des gyrophares partout dans ma tête. Pourquoi l’éditeur ne m’a pas dit dès le départ qu’il faudrait revoir la fin? Attendre d’avoir un contrat entre les mains pour dégainer ses arguments en carton, c’est louche.

Il faut aussi savoir que j’ai toujours été une tête de mule concernant mes convictions. Je suis capable de reconnaître mes torts très facilement. Je n’ai aucune fierté mal placée à ce niveau. Je me plante, je le reconnais. Mais si je SAIS que j’ai raison, je ne lâche rien.

Pour le coup, cette fin avait été choisie méticuleusement. Je voulais véhiculer un message précis. Il n’a pas été compris, encore une fois par ma faute, mais je ne voulais pas d’une fin différente.

Premier constat: je n’avais pas écrit une romance. Mais j’étais convaincue à l’époque, naïve et fraîchement débarquée dans le monde de l’édition, qu’une romance pouvait mal se terminer. Tant qu’il y avait une histoire d’amour, hein… Aujourd’hui je sais que j’étais tellement à côté de la plaque, que la plaque n’était plus qu’un point à l’horizon.

Deuxième constat: si mon texte devait subir de gros changements, comme celui de la fin, pourquoi ne pas me l’avoir dit plus tôt? Pourquoi attendre que j’ai signé pour toute la vie + 70 ans pour m’en parler?

Non, je n’ai pas de troisième constat. Toujours est-il que je me suis sentie manipulée. C’était fourbe, et puis le gars commençait à me plaire. Et quand je dis “plaire”, imagine que le mot dégouline d’ironie. Il me parlait de plus en plus comme à une petite fille qui n’y connaît rien à la vie. Autant te dire que de méfiante, je suis tombée assez rapidement dans l’hostilité. Surtout quand j’ai reçu un pavé de sa part par email, pour m’expliquer… mon livre. Je ne connaissais pas encore le mot mansplaining, mais on était à fond dans le concept.

Ma conscience féministe n’était peut-être pas encore totalement éveillée à ce moment, mais ça germait… et j’ai refusé de changer la fin. Ça a posé une sympathique ambiance pour la suite.

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La pire proposition de couverture faite par une maison d’édition!

 

Et la suite était la réalisation de la couverture. En temps normal et dans de bonnes dispositions, j’aurais travaillé avec la maison d’édition, main dans la main, pour que mon texte ait la couverture la plus efficace possible.

En temps normal…

En réalité, j’étais déjà tendue comme un string taille 34 sur le cul de Manny dans L’âge de glace, pour te donner une idée. Mon état d’esprit n’était plus du tout dans la zone collaboration. J’avais cédé pour le titre tout en imaginant toutes les maladies qu’il pouvait désigner. J’avais gagné la manche concernant la fin, mais en détruisant la relation professionnelle. Et je découvrais avec effroi la proposition de couverture de l’éditeur.

Je te replace le contexte: on est en 2013, les dystopies et autres romances paranormales pour adolescents sont dans l’air du temps, après Twilight. Cette maison d’édition a voulu s’inspirer de la série 16 Lunes.

Mon histoire n’avait rien à voir avec cette série. Mais c’était sa volonté de surfer sur cette vague. Gros signal d’alarme, encore une fois. Surtout quand j’ai découvert sa proposition.

Si tu es de ma génération, tu dois connaître l’anime qui passait dans notre jeunesse: Jayce et les conquérants de la lumière. Sinon, je t’invite à cliquer ici pour voir de quoi il retourne: le générique suffit à se faire une idée.

Ma couverture était ni plus ni moins une photo de monstroplante. Si si, je t’assure, regarde:

J’ai d’abord cru à une blague. Parce que… il ne pouvait que plaisanter, hein? Mais là, il s’est vexé comme un pou, et comme je n’ai pas voulu céder… je te laisse imaginer l’impasse dans laquelle nous nous sommes retrouvés.

C’est au même moment que j’ai découvert que cet éditeur était malhonnête sur un autre point. Il n’avait que peu d’auteurices à son catalogue, et celui qu’il publiait le plus n’était autre que lui. Sous pseudonyme, sans aucune transparence, il avait en réalité monté sa maison d’édition pour auto-publier ses romans érotiques rejetés par des éditeurs. Ce n’est pas une supposition, j’ai depuis appris tout ce que j’ai pu sur lui (car j’aime connaître l’ennemi à abattre). Et lorsqu’il m’a proposé un contrat, il m’a parlé de cet auteur comme si c’était quelqu’un d’autre, en me disant que je pouvais le contacter pour avoir son retour. Euh, pardon?

Passons sur le procédé qui me dérange, il me prenait vraiment pour une conne, en fait?

Alors, tout ça cumulé, qu’est-ce que j’ai pu tirer comme leçon de cette expérience catastrophique? Histoire que mes mésaventures te soient utiles, tout de même!

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Ce que m’a appris cette maison d’édition

 

Déjà, j’ai pu me sortir de ce bourbier en demandant une rupture de contrat pré-publication. J’ai dû verser à cette maison d’édition 70 euros qui avaient été engagés pour les tests de couvertures. Honnêtement, je l’ai fait avec plaisir, pourvu de me barrer.

Ça ne s’est pas fait tout seul, il a fallu plusieurs échanges de mails. Ainsi que quelques menaces (de ma part et de la sienne). Sans compter l’assistance juridique de ma sœur qui est venue à mon secours en m’aidant à rédiger des emails qui ne pourraient pas se retourner contre moi si on devait aller au tribunal. Heureusement, ni lui ni moi ne le souhaitions.

Ensuite, j’ai appris énormément de cette expérience. Car je n’ai jamais voulu voir ça comme un échec, mais plutôt comme une façon de grandir dans le milieu.

J’ai appris qu’il ne suffit pas de connaître un.e auteurice dans une maison d’édition pour se faire une idée précise de la façon de travailler de celle-ci. Car chaque expérience est subjective. Je connais beaucoup d’autrices signées dans des maisons d’édition où elles se sentent hyper bien et où je ne mettrais les pieds pour rien au monde. Et c’est OK. Toustes les éditeurices ne sont pas adapté.es à tout le monde.

J’ai aussi appris à prendre du recul sur tout. Comme on dit, j’ai pris un peu de bouteille, et j’ai potassé mon sujet. Maintenant, face à une maison d’édition, je sais ce qu’il est sage ou non de faire. Je sais aussi quand céder du terrain. Et surtout, je choisis mes batailles. Je ne me prends plus la tête pour le titre, je préfère mettre mon grain de sel sur la couverture. C’est un choix personnel, qui ne conviendrait pas à tout le monde. Mais je me suis assez formée pour savoir lorsqu’une couverture n’est pas alignée sur le marché. Ça ne me rend pas infaillible, loin de là, mais je me sens plus légitime de donner mon avis à ce niveau.

J’ai également compris qu’une relation maison d’édition – autrice doit toujours, et je dis bien toujours, rester horizontale. Même si beaucoup d’éditeurices ont l’air de te dire que t’es mignonne, mais laisse-les faire leur travail et retourne à ton Word, iels ne sont pas tes boss. Reconnaître sa valeur sans bafouer celle de l’autre est un exercice d’équilibriste pas toujours évident à maîtriser.

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Pour conclure…

 

J’ai menti dans le titre de mon article, je m’en rends compte maintenant. Car j’ai vécu une expérience pire encore, il n’y a pas si longtemps. Je t’en parlerai dans un futur article. Ce serait une suite assez logique à celui-ci.

Aujourd’hui, je me suis assez formée et documentée pour savoir quand l’ouvrir et quand accepter des compromis. Je préfère ne pas dire que j’ai appris à la boucler, car ce n’est pas dans on tempérament.

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Fleur Hana

Romantique et rebelle à la fois, elle puise dans la vie les bases de ses histoires, puis y ajoute un coup de baguette magique pour faire voyager son lectorat !

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