Récemment, j’ai été obligée de me poser. Rien de grave: un gros rhume comme le mois d’avril sait nous en fournir. On se croit déjà en été, on s’enjaille, et puis en fait non, il faisait quand même un petit peu froid… Bref, bien KO, je n’ai pas eu d’autre choix que de ralentir. Prendre le temps… J’adore cette expression, car le temps: on l’a. Il s’agit de savoir à quoi le consacrer. Voici ce que cette introspection bien encouragée par mon état de santé m’a appris! Eh oui, ceci est un article emprunt de sagesse, à la maître Yoda (en presque aussi fripée, mais un peu moins verte, quand même)

Prendre le temps… d’écrire la suite d’une série

Une des erreurs que je ne reproduirai jamais, jamais, jamais, est celle de lancer plusieurs séries en parallèle.

Pourquoi ai-je fait ça? me demanderas-tu. Mais si, tu me le demandes!

Parce que je ne voulais pas me lasser.

Mes histoires ne m’ennuient pas, mais j’aime varier les genres pour une raison: ça stimule mon imagination et ma créativité. Si je devais écrire tout le temps le même genre, je m’ennuierais, c’est une certitude.

Alors quand j’étais encore naïve, il y a 4 ans environ, je me suis dit que ce serait sympa d’alterner l’écriture de plusieurs séries en même temps. Impossible de se lasser avec cette astuce, n’est-ce pas?

Certes. Mais ce que la Fleur d’hier avait oublié de prendre en considération est que si on alterne l’écriture, on alterne aussi les publications… Ça paraît logique, dit comme ça, et même si j’en avais conscience, je n’avais pas réalité à quel point l’impact serait stressant.

D’un côté, il y a un lectorat de chick lit . Ouf, le tome 3 est sorti!

De l’autre, il y a les fan des bikers qui attendent le tome 5 avec impatience. Ce dont je leur suis reconnaissante, évidemment.

Et puis on n’oublie pas les badass qui voudraient bien la suite et fin de ma faucheuse!

Mon planning tourne autour de ces priorités depuis des années. Si bien que j’ai revu je ne sais combien de fois mon organisation dans le but d’optimiser l’écriture et de pouvoir sortir plus rapidement ces suites.

Sauf que… j’ai fait 2 burn-out. Et même mes amies les plus proches, à qui je n’en veux absolument pas, me disent “Il faut penser à sortir la suite, les lectrices vont s’impatienter…” Alors qu’elles sont les premières à me rappeler de prendre soin de ma santé.

Sans parler des messages privés, réguliers et quasi-quotidiens, pour me demander quand sortira la suite de telle ou telle série. J’adore ces messages, en un sens, car c’est hyper flatteur. Mais d’un autre côté, ils me déclenchent une bouffée d’angoisse quand je dois répondre que je n’ai pas encore de date!

En bref, je me suis mise dedans, et maintenant, je me mets la pression pour avancer. Et plus je me mets la pression… devine quoi? Moins j’ai l’inspiration pour écrire!

Prendre le temps… et être oubliée

De toute façon, on ne va pas se mentir entre nous: j’ai bien trop peur d’être oubliée par le lectorat si je ne me dépêche pas de sortir les suites!

Est-ce que tu as vu le nombre de titres de romances qui sort chaque semaine? Je parle en semaine parce que c’est vraiment la folie!

Et là, mon cerveau d’entrepreneuse me rappelle:

“Hé, dis-donc, feignasse: t’as plus rien sorti comme nouveauté depuis des mois et des mois. Tu crois que le lectorat t’attendra ad uitam? Tu crois que c’est marketing, ça? Mais ma pauvre fille, tout le monde va t’oublier et tu finiras bouffée par tes chats!”

Par Chewbacca, c’est pas impossible. Sherry a l’air de faire attention à sa ligne, donc avec un peu de bol, elle m’épargnera.

Mais la vérité est pourtant bien celle-ci: oui, certaines lectrices vont oublier mon existence, et je les comprends! Je pense à celles qui me découvrent via Amazon, souvent par l’abonnement Kindle Illimité, et qui tombent par hasard sur une série en cours. Elles lisent, ça leur plaît, poursuivent leur lecture et… plus rien.

Que font-elles? Elles passent bien sûr à d’autres lectures. Et le jour où je sortirai la suite, elles auront oublié les premiers tomes lus.

Ça me file des petits boutons rouges rien que de penser au nombre de lectrices que je sème, chaque nouvelle journée où je ne sors pas une nouveauté.

Mais j’en arrive à la même conclusion que pour la suite des séries: c’est soit je m’impose un rythme qui peut me refaire tomber en burn-out, soit je prends soin de moi, et je me dis que oui, c’est décevant pour elles, mais après tout, elles ont beaucoup d’autres romances à lire, avec toutes ces sorties…

Prendre le temps… coûte de l’argent

Même si on est bien d’accord que je suis la première pénalisée. Car en autoédition, si tu veux tenir la distance, il faut avoir un rythme de sorties soutenu. J’en parlais dans l’article sur le statut hybride.

Une romance a une espérance de vie de 3 mois en moyenne, en autoédition. Ensuite, elle perd en visibilité naturellement boostée par la sortie et les premières ventes.

Si tu n’embrayes pas avec une nouvelle sortie, tes revenus chutent. C’est aussi simple que ça, encore une histoire mathématique. Et même si tu as plusieurs titres déjà publiés qui génèrent des revenus constants, sans pic régulier de nouveauté pour relancer la machine, ça ne suffit pas pour en vivre. Pas dans mon cas. Je ne dis pas que d’autres ne s’en sortent pas très bien, mais pas moi.

Pour être tout à fait transparente, voici ce que j’ai touché sur mes ventes KDP au mois d’avril 2023, après donc 8 mois sans aucune nouveauté:

868,12€

C’est scandaleux, car j’ai tout de même un paquet de titres en autoédition. Et puis là, bien sûr, il faut retirer 140 € de charges, environ 400 euros de frais de fonctionnement, ce qui signifie que si je devais en vivre, il me resterait moins de 330 €. J’ai intérêt à ne pas avoir de loyer à payer, ni de courses à faire, et heureusement que je ne fume pas!

J’ai remarqué, dans le passé, que chaque nouveauté relance les anciens titres. Donc, pas de nouveauté, pas de relance, ça vivote.

Prendre le temps de m’occuper de moi, de laisser ma créativité se recharger, de passer du temps avec ma famille, etc. me coûte donc beaucoup d’argent. Et plus les mois passent, plus ça me coûte. Le bonheur d’être à son compte et de ne jamais savoir de combien seront tes prochains revenus.

Prendre le temps… et louper le coche

En anglais, le Fear Of Missing Out, et donc en français on pourrait traduire par la peur de louper le coche.

Les modes vont vite, y compris en romance. Il y a 2 ans environ, au moment où j’écris cet article, c’était la folie autour des histoires se déroulant sur des campus, dans le milieu des étudiants. Une énorme explosion, si bien que les titres de romances comportant le mot “campus” sont nombreux.

Aujourd’hui, il paraît que la dark romance est lue par des jeunes lectrices de 12 ans. 12 ans! Bon, au moins, on est sur une mode que je ne regretterai jamais de ne pas suivre. Parce que… la dark romance pour moi n’est pas de la romance, et glamorise la culture du viol. C’est bien présenté dans l’articie “Faut-il s’inquiéter du succès de la dark romance, ce genre littéraire qui érotise la maltraitance?” que m’a partagé Jenny, d’ailleurs.

Donc au final, quand tu prends le temps de ne pas te précipiter, tu peux passer à côté des tendances. Pour tout t’avouer, je n’ai jamais été pile dans la tendance. Donc le FOMO n’est pas tellement une de mes préoccupations principales, puisque je n’ai jamais réussi à anticiper la mode ou à écrire assez vite pour surfer dessus. Encore moins la créer!

Mais à une époque, ça me travaillait vraiment. Et ça pouvait participer à la raison pour laquelle je me disais “je dois écrire”.

On peut aussi découvrir une histoire similaire à une idée qu’on n’a pas encore eu le temps d’écrire, et se dire flûte de zut de crotte de bique roulée dans la farine! Alors que, encore une fois, on s’en fout un peu de qui a raconté quoi avant. Dans le sens où c’est normal de retrouver des idées semblables, l’important est la façon dont c’est raconté.

Pourtant, cette peur peut pousser à écrire, même quand le corps et l’esprit disent stop.

Prendre le temps… pour mieux écrire!

Et stop, justement, mon corps et mon esprit me le disent régulièrement.

➡️ Quand je me dis que mes lectrices attendent des suites de séries.

➡️ Lorsque la peur d’être zappée refait surface.

➡️ Au moment où je touche mes droits et qu’ils sont moins importants que le mois précédent.

➡️ Et même si je vois passer une nouvelle romance sur une thématique qui attend dans mes tiroirs.

Dans ces périodes de doutes, j’ai toujours une micro-rechute où la panique pointe le bout de son nez et où j’ai l’impression de foirer ma carrière.

Heureusement, dans ces cas-là, je me souviens que moi seule sait ce qui est bon pour moi, pour ma santé, ma vie de famille, ma tranquillité d’esprit. Je regarde les grand.es auteurices qui publient maximum 1 nouveauté par an. Et oui, bien sûr, ces personnes n’ont pas besoin de plus d’une nouveauté pour parvenir à en vivre. Mais finalement, c’est ce qu’il y a de plus sain.

Car à force de tirer sur la corde, de malmener l’inspiration, d’obliger l’imagination à s’activer, de pousser la production d’un art où la qualité prévaut sur la quantité… on se grille. En tout cas, c’est ce que je ressens, et je n’ai aucune envie de me réveiller un matin et de détester mon activité.

Pour conclure…

❤️ Aux lectrices qui attendent une suite de série, merci pour votre patience et votre compréhension.

❤️ À celles qui passeront à autre chose parce qu’elles en ont marre d’attendre, je les comprends, et merci d’avoir pris le temps de me lire.

❤️ À ma liste d’envie que je ne peux assouvir, tu n’as pas l’importance que tu penses dans ma vie.

❤️ À cette peur de louper le coche, t’en fais pas ma vieille, des coches, il en passe non-stop.

❤️ À mon corps et à mon esprit, merci d’assurer vos jobs, je vous promets de prendre soin de vous.

Et à celles qui auront lu cet article jusqu’au bout: prenez soin de vous, surtout!

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