Les genres littéraires de la romance

Et si on parlait des genres littéraires au sein de la romance? 

Les âges du genre littéraire de la romance

On commence par identifier les âges de la romance. C’est-à-dire plus précisément ceux des protagonistes, mais aussi de la cible. J’en ai identifié 3 principaux dans le genre littéraire qu’est la romance:

La romance adulte, la romance new adult et la romance young adult.

La romance adulte met en scène des personnages qui sont déjà dans l’âge adulte et ont en moyenne de 25 à 40 ans voire plus. Leurs préoccupations sont liées à leur travail, leur famille et leur vie sociale. Ils sont installés dans leur vie, et peuvent être divorcés, séparés, en bref : avoir déjà une expérience amoureuse et une expérience tout court qui peuvent avoir des conséquences importantes sur le présent. C’est le type de romance qui existe depuis que le genre littéraire qu’est la romance existe.

C’est logique, car historiquement, la littérature a longtemps été destinée à des adultes. Les littératures jeunesse et young adult sont encore très jeunes. La catégorie adulte est la plus ancienne et riche en histoires déjà écrites. Elle cible surtout des lectrices de 20 ans minimum, environ, mais n’a pas de limite ensuite, car elle concerne et touche finalement tout le monde, à partir du moment où on est entré dans la vie active. Ce qui n’empêche pas à un lectorat plus jeune d’avoir accès à ce genre littéraire, mais c’est un autre sujet.

La romance New Adult met quand à elle en scène, comme son nom veut le dire en anglais, des nouveaux adultes qui ont entre 18 et 25 ans. On entend par là le moment entre la fin de l’adolescence et l’entrée dans la vie active, cette période ce transition. C’est pour ça que, la plupart du temps, l’histoire prend place dans un contexte tel que la fac, ou le début d’un travail, le moment où le jeune de 18 ans prend son indépendance et apprend à gérer seul son quotidien. Ce genre littéraire s’est popularisé aux US vers 2010, et est arrivé quelques années plus tard en France où il a explosé. Les lectrices de romances étant de plus en plus jeunes, ce genre répond à un besoin d’identification et de compréhension des milieux abordés.

Cette romance implique des scènes de sexe qui, sans être obligatoires, sont très souvent présentes, puisque la sexualité fait partie des prises d’indépendance après avoir quitté le nid familial. On y évoque beaucoup de thématiques de découvertes & d’apprentissage. C’est le moment où les protagonistes vont envisager leur futur, poser les bases de leur vie d’adulte et laisser l’insouciance derrière eux pour aller vers les responsabilités auxquelles tous les adultes font face, sans pour autant devoir les gérer pour l’instant. Le New Adult est une parenthèse entre deux étapes capitales de la vie, où on décide qui on sera, mais en attendant, on profite encore de cette période des études ou du petit boulot alimentaire avant de réaliser son rêve.

La romance Young Adult s’adresse pour sa part aux adolescents, et son appellation signifie “jeunes adultes”. On est ici avec des adolescents de 16 ans pas moins, puisque en-dessous de cet âge, on retombe dans la littérature jeunesse. La romance YA est codifiée sur le même schéma que la NA, dans la mesure où l’adolescence est elle aussi une période charnière de la vie, où on n’est plus un enfant mais pas encore un adulte. Il y a des problématiques qui lui sont propres et sont, finalement, celles qui intéressent les jeunes de cet âge. La drogue, le sexe, les amis, la famille, et bien sûr, l’amour.

Ce genre littéraire est plus complexe à écrire, car il faut faire très attention à la façon dont on raconte l’histoire, il y a en effet une porté pédagogique, qu’on le veuille ou non, qui peut avoir un impact sur le lectorat adolescent. C’est pour ça que ce genre répond à un cahier des charges qui en fait un genre bien à part.

Un genre littéraire = 2 univers

La romance de l’imaginaire et la romance réaliste engendrent à peu près les mêmes sous-genres.

La romance réaliste est la plus évidente, puisqu’elle se déroule dans notre monde, et tu n’as rien à inventer concernant le contexte. Écrire une romance réaliste implique de placer son histoire dans un milieu qui existe, tout comme tout ce qui va composer la toile de fond de la romance. Tu peux totalement inventer une ville, ou même un pays, du moment qu’il est réaliste.

C’est ce qu’a fait notamment Jay Crownover dans sa série Bad où elle a inventé une ville pour contextualiser ses histoires. Tout est réaliste dans sa ville, on ne peut simplement pas la trouver sur une carte.

En ce qui concerne l’imaginaire, les genres sont extrêmement nombreux et complexes, surtout qu’ils dépendent de subtilités qui sont parfois loin d’être évidentes. Les genres de romances imaginaires les plus courants sont la romance paranormale, la romance fantastique et la bitlit.

Pour distinguer ces genres littéraires, j’avais moi-même du mal au début, j’ai donc discuté avec une éditrice spécialisée chez Flammarion et voici ce que la conversation m’a appris. Dans la romance paranormale, le contexte reste en fond par rapport à l’histoire d’amour. C’est-à-dire qu’on se concentre sur la relation du couple, et que tout ce qui se passe à côté n’est pas primordial. En d’autres termes, on pourrait tout à fait retranscrire la romance dans un autre contexte, ça ne serait pas dramatique, car on pourrait conserver son évolution.

Alors que dans la romance fantastique, même si bien sûr, l’histoire d’amour reste au centre, on intègre un contexte bien plus fouillé et détaillé qui va avoir un réel impact sur le couple. La différence avec la romance paranormale réside donc dans les descriptions, l’incidence des éléments magiques sur la romance, et les scènes sensuelles qui sont bien souvent moins nombreuses en fantastique qu’en paranormal.

Quant à la bitlit, elle est spécialisée dans les créatures à crocs, comme les vampires et les métamorphes. Souvent, il s’agit d’une relation entre une humaine et un vampire ou un métamorphe, mais toutes les déclinaisons sont possible. C’est un genre de romance qui est spécialement sexy, et a eu un énorme succès à peu près de 2008 à 2012, en France. Elle s’est essoufflée depuis, mais le lectorat reste friand et présent.

1 genre littéraire = 2 grandes périodes

On convient qu’au-delà de 50 ans en arrière, on est dans de l’historique, et toutes les histoires prenant place après sont considérées comme de la romance contemporaine.

La romance contemporaine se situe dans notre monde, à notre époque, et chaque romance contemporaine s’attarde sur des thématiques de son temps.

Par exemple, une romance contemporaine écrite dans les années 80 ne va bien entendu pas parler d’iPhone ou de Covid ou encore de millionnaires qui s’offrent des voyages dans l’espace. Alors qu’une romance contemporaine écrite en 2020 peut aborder ces sujets. Contemporain signifie “qui est de la même époque que”, pour simplifier, et donc chaque décennie dite “contemporaine” est différente de la précédente et de la suivante.

C’est pour ça que la romance contemporaine, finalement, est le genre de romance qui a le moins de longévité : elle s’adapte à son époque (qui dure quand même pas mal de temps) mais, en contrepartie, ne vieillit pas toujours très bien (comme les premiers téléphones à clapet).

Ce qui peut aussi être le cas de la romance historique, comme nous le prouvent les couvertures de romances historiques des années 80, avec Fabio. Même si la romance historique est plus pérenne, elle évolue également avec son temps et les mentalités. Heureusement, d’ailleurs! Mais si on reste fidèle à l’époque évoquée, alors il est logique que c’est intemporel, dans le sens où, pour éviter les anachronismes, il faut respecter certains codes qui ne sont pas aussi contraignants en contemporaine.

Bien entendu, quand on va dans le détail, la distinction ne se fait pas uniquement entre passé et présent. Par exemple, certains événements historiques représentent à eux-seuls une époque et un style de romance historique. Comme les romances situées durant la seconde guerre mondiale, ou encore celles à l’époque victorienne. La romance avec des Highlanders, que ce soit lors des 1° ou des 2° guerres d’indépendance d’Écosse sont elles aussi très ciblées. Tout comme le sont les romances mettant en scène des Vikings. La liste est longue, et ce sujet à lui-seul mériterait une formation dédiée.

Les genres littéraires au sein de la romance

On commence avec la plus courante, qui est:

• La romance tranche de vie, qu’on appelle souvent contemporaine (même si on a déjà utilisé ce terme pour les catégories) : elle présente des moments pivots dans la vie des protagonistes, aborde des thématiques du quotidien, et si c’est bien entendu un prérequis pour la romance en général, les héros portent particulièrement l’histoire dans ce sous-genre.
• La sweet romance : Elle ne contient pas de scènes de sexe explicites, on y évite les dramas et les prises de tête. Sweet veut dire “doux” ou “sucré” en anglais, et ça définit parfaitement ce genre.
• La romance slow burn : dans ces histoires, il n’y a pas de coup de foudre, l’histoire d’amour se met en place lentement mais sûrement. Les sentiments se développent progressivement et, bien souvent, les protagonistes sont amis avant de tomber amoureux. (ça marche pareil s’ils sont ennemis, d’ailleurs) Comme veut le dire “slow” (lent), on prend le temps. Les émotions sont importantes dans toutes les romances, mais dans celle-ci, on apporte un soin particulier au développement des sentiments.
• La comédie romantique : pour ce genre, l’héroïne est au centre de l’histoire, plus que le couple, même si le propos principal reste l’histoire d’amour et que ce genre littéraire demande une fin heureuse. Le ton se veut léger et on va aborder le contexte social, familial et professionnelle du personnage principal, en plus de l’histoire d’amour. Bien souvent, d’ailleurs, tout est lié. La chick lit s’apparente aussi à ce genre, mais contient plus d’humour.

  La distinction est subtile entre la romcom et la chicklit, et elle se situe aussi sur la fin, où on attend en romcom du héros ou de l’héroïne une grande preuve d’amour. En dehors de ce détail, car il peut aussi se trouver dans la chick lit, j’ai tendance à les mettre dans le même panier.

• Le romantic suspense : Le contexte est important et s’ajoute aux codes de base de la romance. En général, on aborde les forces de l’ordre et assimilés (milieu militaire, espionnage etc.), mais aussi les gangs et les organisations criminelles (comme les clubs de bikers ou la mafia). Il y a souvent une enquête solide, mais toujours en fond : la relation amoureuse doit rester au centre et ne pas devenir anecdotique au profit du milieu abordé. Il sert à porter la romance, pas à lui faire de l’ombre.
• La romance érotique : dans ce genre, comme son nom l’indique, les scènes de sexe sont obligatoires et détaillées. Tous les milieux peuvent mettre en scène une romance érotique, mais on retrouve souvent des protagonistes de pouvoir, comme des millionnaires ou hommes d’affaires. Le sexe peut être vanille, c’est-à-dire classique, ou BDSM et autres pratiques, et il y a en général plus de scènes érotiques que d’intrigue.

• Le cas de la dark romance : On se pose la question de savoir si on peut ou non ranger ce genre dans la romance. Pour ma part, et ça n’engage que moi, c’est non. Ce genre littéraire n’implique pas une fin heureuse, et c’est une des deux conditions de base, comme on l’a vu. La relation amoureuse est très souvent assimilée à un syndrome de Stockholm, des violences sexuelles et-ou psychologiques entre les protagonistes sont abordées, et le sexe y est la plupart du temps aussi important que dans la romance érotique. D’ailleurs il existe aussi le dark erotica, qui peut être une autre appellation de la dark romance ou un genre à part entière.

Comment combiner les catégories et genres littéraires de la romance?

En toute logique, on ne peut pas combiner les 3 catégories que sont la romance adulte, new adult et young adult. Et si on veut à tout prix le faire, on peut éventuellement alterner 2 histoires, même si je trouve ça périlleux, et surtout, tu aurais beaucoup de mal à la vendre. Car tu occuperais 2 grandes cases de romance, et en ciblant trop de monde, on ne cible personne.

J’ai eu le cas avec ma romance young adult On comptera les étoiles, qui a eu une couverture YA, un résumé YA, un titre qui sonne YA… mais a été présenté à beaucoup de libraire comme une romance adulte, parce que j’avais déjà écrit des romances adultes. Résultat : on n’a pas autant touché le lectorat adolescent que je l’aurais voulu. Tout ça parce que ma romance a été markété sur 2 cases et pas sur un seul genre littéraire. C’est un peu différent si tu choisis volontairement de le faire, mais tu prends le risque de tirer une balle dans le pied de la promo autour de ta romance.

En revanche, tu peux bien entendu combiner avec les autres catégories et sous-genres sans souci, à l’exception bien sûr du young adult et de l’érotique pur. Ce serait glauque, franchement.

Pour la romance imaginaire et la réaliste, c’est plus complexe, car il existe des tas et des tas de sous-genres à l’imaginaire. Le fantastique, par exemple, est l’intrusion de la magie dans un monde réaliste, le nôtre. Il allie les deux genres avec ses propres codes. De la même façon, la romance paranormale implique souvent la collision des deux univers. Mais on part du principe que s’il y a de la magie, des créatures autres qu’humaines, etc. alors, même si c’est ancré dans notre monde, on est dans l’imaginaire.

Quant à mixer avec les autres catégories et les sous-genres littéraires de la romance, c’est bien sûr possible, aucun n’est incompatible. On va trouver des romances slow burn imaginaires historiques, par exemple, ou une romantic suspense new adult, etc.

Mixer les époques est tout à fait possible, et ça se fait d’ailleurs souvent. Pense aux histoires qui démarrent dans notre époque, quelqu’un trouve un paquet de lettres du passé et on va suivre l’histoire d’hier en parallèle. Malgré tout, mets en avant une époque, dans ce cas, pour faciliter le marketing et la cible, comme toujours.

Pour conclure…

Il est bien sûr possible de combiner les sous-genres littéraires de la romance, mais on arrive au bout de cet article.

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