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Oui, je sais, le fait que j’ai voulu arrêter la romance est une info de taille qui aurait d’ailleurs dû faire la une de tous les quotidiens de France et de Navarre! En plus, quand on lit mes articles tels que celui sur la place de la romance en librairies, ou encore celui concernant la méprise du genre on pourrait croire que je suis super négative et défaitistePourtant, c’est tout le contraire: j’ai beaucoup d’espoir concernant ce genre. Mais je ne suis pas parfaite, loin de là, et le positivisme à tout prix ne me correspond pas. Alors oui, j’ai voulu arrêter la romance. J’ai eu envie de tout lâcher à plusieurs reprises, et la dernière en date n’est pas si lointaine. Pourquoi? Je te raconte tout ci-dessous, bien sûr! Ce serait bizarre de t’annoncer ça et de me barrer en te disant “à la prochaine”! 👋🏻

J’ai voulu arrêter la romance, car ça use

 

On dirait trop une vétérante, quand je commence comme ça, mais franchement: oui, ça use. Pour tout t’avouer, ça use autant qu’être féministe ✊🏻. Et comme je suis les deux, tu comprends que le cumul peut faire des ravages.

J’ai voulu arrêter la romance pour la première fois il y a des années, et pour de mauvaises raisons. Je cherchais la reconnaissance du milieu. À cette époque, vers mes débuts, je voyais des success stories d’auteurices qui n’écrivaient pas dans ce genre. La plupart du temps, c’est la littérature blanche qui squatte les top des ventes nationales, avec le polar. Et même si ces histoires contiennent parfois de la romance, il n’empêche qu’elles ne sont pas labellisées “romance”.

Écrire de la romance n’est pas “facile“, comme on peut l’entendre régulièrement. Beaucoup partent du principe que les histoires d’amour, c’est bon, c’est pas sorcier. Beaucoup s’y sont aussi essayés sans réussir, mais c’est un autre sujet. 🤐

En réalité, écrire des romances demande la même rigueur qu’écrire un polar ou de la blanche. Le sujet est différent, l’intrigue aussi, mais l’écriture, ça reste l’écriture. Et si on est conscienceuse, c’est un travail conséquent qui se prépare en amont. On n’improvise pas l’écriture d’un roman de littérature de genre. Car par définition, la littérature de genre répond à des codes. Il faut ainsi les connaître, les maîtriser, énormément lire dans son genre, et j’en passe.

Quand des auteurices de blanche (qui est un peu le genre fourre-tout des romans de fiction qu’on ne sait pas où ranger) cartonnent, sont invité.es dans des salons, par des librairies, ont une couverture médiatique conséquente et des à-valoir spectaculaires, oui, ça peut faire envie.

Oui, je l’avoue, j’ai fauté et j’ai cédé à la jalousie. Je n’ai jamais prétendu être une sainte 😇, et ça tombe bien, car ce serait mortellement ennuyeux! Par contre, je regardais ces parcours avec un petit soupir envieux mêlé de résignation. Car j’ai très vite compris que pour la romance, il y avait encore moins d’élues que dans les autres genres.

Le polar a déjà ses lettres de noblesses bien acquises, alors que le genre a débuté tout aussi méprisé que la romance. Pour une raison ou une autre, il est devenu un genre médiatisé, là où la romance rame toujours. Alors qu’en toute honnêteté, on ne trouve pas moins de livres bâclés ou médiocres en polar qu’en romance ou même en blanche. Des histoires écrites avec le cul 🍑, c’est universel et ça ne connaît pas la discrimination.

Toujours est-il que j’étais usée par ce travail qui, je le savais, ne porterait jamais de fruits aussi juteux que les autres genres. Je sais, c’était stérile comme façon de raisonner. Mais j’ai vu assez d’autrices de romance passer par-là pour savoir que je suis loin d’être un cas à part. J’ai eu des discussions longues, passionnantes et démoralisantes sur le sujet avec des collègues, copines et amies. La conclusion était systématiquement la même: il faut arrêter de regarder l’herbe chez la voisine. 🌿

J’ai donc décidé de me consacrer à mon propre jardin. Faut que j’arrête les métaphores dans tous les sens, je sais!

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Le mépris envers la romance use, aussi

 

Je ne vais pas revenir sur le contexte peu bienveillant (voire franchement malveillant) qui entoure la romance. Je l’ai fait dans cet article et celui-ci, si tu ne les as pas lus. Mais si tu décides de les lire avant de continuer, n’oublie pas de revenir: je te promets une fin heureuse! 😍

Sans détailler ce que j’ai déjà dit sur le sujet, c’est pesant de devoir défendre sans cesse le genre que j’ai choisi d’écrire, et que je lis avec grand plaisir!

Ne serait-ce que dans ma famille, j’ai eu à essuyer des remarques désagréables, ou la totale indifférence. Il ne s’agit pas de la majorité de mes proches, bien heureusement, mais ça n’empêche pas la personne qui va te rappeler que “ça ne vole pas haut”. Encore une fois, comme si la volonté de distraire, de permettre aux lectrices de s’évader le temps d’une lecture, était un acte sale dont on devrait se cacher.

Quant à l’indifférence, elle fait tout autant mal. Le manque d’intérêt pour ce qui te passionne est toujours douloureux, d’ailleurs, quand ça vient des proches. Tu t’enthousiasmes à fond, et en face, tu percutes un mur d’apathie à la limite du cas clinique 😶. Est-ce que les gens ont peur d’être contaminés s’ils osent s’exprimer sur la romance? Ou considèrent-ils qu’il s’agit d’un hobbie, et pas d’un vrai métier?

Si j’avais envie de les remettre en place, je leur répondrais sûrement que la romance génère énormément d’argent (des statistiques datant d’octobre 2022 nous parlent de plus d’1 milliard de dollars, ce qui en fait le genre de fiction le plus lucratif aux USA). Mais encore une fois, c’est usant de devoir éduquer les autres et de déconstruire leurs préjugés, alors que ces informations sont à la portée de tout le monde 🙄. Faut-il encore reconnaître qu’on doit modifier sa vision des choses et donc qu’on avait peut-être pas raison…

Pendant des années, j’étais armée d’un bouclier anti-cons, quand je parlais de mon métier. J’étais limite sur la défensive, avant même de savoir qui j’avais en face de moi. C’est décourageant de partir du principe qu’on va devoir argumenter, surtout si ça s’avère ensuite nécessaire. Pourquoi ne pas lâcher l’affaire, me diras-tu peut-être? Parce que je suis une idéaliste, et j’ai toujours souhaité faire une différence. Mais j’ai aussi voulu arrêter la romance à cause de ça…

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J’ai voulu arrêter la romance pour sauver mes cordes vocales

 

Dès l’instant où j’ai décroché mon premier contrat d’édition, j’ai décidé que je devais utiliser cette “tribune” pour véhiculer des valeurs qui me sont chères. Je garde en tête que la romance est un genre qui n’est pas là pour y glisser des pamphlets. Si on veut écrire un essai, on ne le déguise pas en romance. Non, je ne perds jamais de vue que j’écris avant tout pour permettre à ne serait-ce qu’une lectrice de voyager, s’évader ✈️, relâcher la pression de l’immense charge mentale dont on est toutes victimes. Mais il m’arrive aussi de me décourager lorsque je réalise que mes messages passent inaperçus.

Ce n’est pas facile de trouver le bon équilibre ⚖️, celui qui permet de remplir son contrat (distraire) tout en restant fidèle à ses valeurs (transmettre). Si j’appuie sur les messages secondaires, ils prennent trop de place, ça devient moralisateur, et même moi, ça m’ennuie à écrire. Si au contraire je ne me préoccupe que de l’histoire de mes protagonistes sans les ancrer dans mon système de valeurs, alors je suis déçue et insatisfaite, et n’ai pas envie de publier mon travail.

Attention, je ne critique en rien les autrices qui ne souhaitent pas intégrer des valeurs à leurs histoires. C’est leur choix, et je le respecte: chacune est libre d’appréhender l’activité de l’écriture à sa façon. Je dis simplement qu’en ce qui me concerne, c’est important. ☝🏻

Parfois, une lectrice m’écrit en privé pour me parler d’un des messages sous-jacents d’une de mes romances. Dans ces cas-là, on engage un dialogue passionnant, et on échange sur nos points de vue.

D’autres, une lectrice m’écrit en privé pour me parler du bon moment de rigolade qu’elle a eu et dont elle avait bien besoin, précisément quand elle a lu une de mes chicklits, par exemple.

Dans les deux situations, je suis satisfaite. Même si je suis très touchée lorsque je réalise avoir réussi à faire passer ce fameux message qui me tenait à cœur 🙌🏻.

Il n’empêche qu’en période de moral en berne, j’ai l’impression que ces messages sont hurlés contre le vent. Ce qui peut me pousser à revoir toute ma ligne éditoriale. C’est ce qui m’est arrivé récemment. J’en étais presque au point de reprendre chacun de mes titres!

Heureusement, j’ai une sœur qui s’applique à réveiller mon bon sens quand il roupille 😴 au profit de la révolutionnaire qui occupe 95% de mes pensées! Chaque fois que j’ai voulu arrêter la romance, elle m’a mis un uppercut virtuel!

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J’arrête ou pas, alors?

 

Régulièrement, je retombe dans ce que j’appelle un creux de vague créatif. Il ne s’agit même pas de ce fichu syndrome de l’imposteur, ce serait plus facile car identifié. Non, là il s’agit de remettre en question toute ma motivation derrière l’écriture.

C’est la crise de la quarantaine tous les 6 mois 🔁, en moyenne, à cause d’une des raisons énoncées plus haut. Celle qui est responsable de mes plus grosses hésitations reste celle liée à mes valeurs.

Comme pour tout le monde, je crois, mes valeurs évoluent. Elles s’affinent au fil de ma vie, de mes expériences, de celles de mes proches… Ce que je pensais il y a 10 ans n’est pas ce que je pense aujourd’hui. De la même façon que, dans 10 ans, ça aura encore changé. Le contraire serait inquiétant, car on se construit chaque jour. Heureusement que je ne suis plus la même personne que j’étais à 20 ans ou 30 ans. Ça signifierait que je ne retiens rien de la vie.

Récemment, j’ai ressenti une énorme lassitude quant à mes écrits. Je me suis dit “ça ne sert à rien, je ne fais aucune différence”. Je me suis persuadée que si j’arrêtais d’écrire des romances, ça ne manquerait à personne, parce que mes histoires étaient aussi vite oubliées que lues 📖. J’étais convaincue que c’était à cause du genre. Dans ma logique brumeuse, si j’écrivais un genre considéré plus noble, on m’écouterait plus, non?

Non. Bien entendu, ça n’a rien à voir. Ce serait déplacer le problème qui n’existe que dans ma tête, en plus. Car je remplis en réalité parfaitement mon job: je parviens à distraire des lectrices qui apprécient de lire mes histoires. Elles me le disent souvent. Je reçois des emails tous les jours et, non, ils ne contiennent pas tous des odes à ma gloire, hein, mais ils sont tous hyper bienveillants.

En discutant avec ma sœur, en lisant ces retours de lectrices, en me posant pour réfléchir honnêtement 🤔, j’ai compris que ces phases de découragements arrivent à toutes les créatives. Toutes les personnes qui prélèvent une partie de leur matière grise (oui, l’image est un peu crade) pour en tirer une pièce, que ce soit littéraire, picturale ou autre, vivent ces doutes.

Dans 6 mois, j’aurais sûrement encore envie d’arrêter, et ça n’aura rien à voir avec mon lectorat, le genre dans lequel j’écris, mes chiffres de vente, ou encore mes contrats éditoriaux. Ce sera 100% lié à la raison pour laquelle j’hésite à poursuivre, une sorte de serpent qui se mord la queue et se la bouffe lentement sans comprendre qu’il est devenu autophage. 🐍

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On s’en fout, en fait…

 

Il existe des tas de raisons pour lesquelles une autrice de romance peut se décourager. Elles dépassent de loin les quelques-unes que j’ai citées, mais comme on n’a pas que ça à faire, je ne les énumère pas toutes.

L’important est, qu’au final, peu importe la raison, elle est sûrement la réponse au problème. Si je reprends mes blocages, ils possèdent la solution en eux.

➡️ J’ai voulu arrêter la romance car j’enviais les auteurices à succès d’autres genres? ❎ Si j’arrête d’écrire ce que je sais écrire, je ne risque pas de réussir. Seulement d’échouer.

➡️ J’ai voulu arrêter la romance par gros ras le bol du mépris? ❎ Si j’arrête d’écrire, je leur donnerais raison, et qui leur dira d’aller bien se faire cuire le cul?

➡️ J’ai voulu arrêter la romance par peur de ne pas être entendue? ❎ Si j’arrête d’écrire, je me bâillonne seule…

La différence entre ce que je souhaite et ce que j’obtiens réside dans ce que je fais. C’est à moi de déterminer l’échelle de mon propre succès. Et quand je parviens à réfléchir autrement qu’en mode “rage et désespoir“, je vois que ce succès, je l’ai déjà. Pas sous la forme que je pensais l’obtenir, mais je suis lue, que ce soit par 1, 10, 100 ou 1000 lectrices, je suis lue. Tu ne l’attendais pas, cette fin Bisounours, hé hé Mais j’avais prévenu, plus haut, que ce serait une conclusion heureuse.

Parce qu’en vrai, on s’en fout de ne pas être la plus vendue dans tel genre, la plus douée pour faire passer des messages ou la plus respectée dans le milieu littéraire. L’important, ce n’est jamais la finalité, c’est le voyage. J’ai bien envie de le continuer, et si un jour j’arrête de douter, là, je m’inquièterais… C’est hyper sain, et relou, mais sain quand même, le doute! 🙌🏻

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Fleur Hana

Romantique et rebelle à la fois, elle puise dans la vie les bases de ses histoires, puis y ajoute un coup de baguette magique pour faire voyager son lectorat !

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