Dans la série Ma vie est une romcom, nouvel épisode!
Après celui du train que tu peux lire ici, passons à celui de l’homme nu. Vautré. Sur mon lit. J’avoue que sur le moment, je n’ai pas ri, ou un peu : nerveusement.
Posons le contexte: ou le début classique d’une romcom!
Toute romcom démarre par la vie de l’héroïne, histoire de plonger la lectrice ou spectatrice dans l’ambiance. Pour ma part, c’était un salon du livre.
Je vais éluder les détails ne concernant pas ce que nous appellerons “le drame de l’homme nu”.
Me voilà donc partie le soir au restaurant avec l’attachée de presse qui m’accompagne pour cette dédicace. Nous sommes dans un hôtel assez vétuste dont les clefs sont à l’ancienne. De gros machins en métal comme on n’en voit plus beaucoup. Au moment de quitter l’établissement, je ne me pose pas la question. Bête et disciplinée, je dépose la mienne, digne du trousseau de Passe-Partout, à l’accueil. Je suis du genre à ne pas enfreindre la loi, même pour la clef de ma chambre d’hôtel.
Comment perturber la vie de l’héroïne de romcom!
Au retour, forcément, je m’arrête à l’accueil la récupérer. Et là, déjà ce n’est plus la même personne derrière le comptoir. Le mec me regarde de ses yeux vides (d’âme et d’expression) et me lâche:
“J’ai pas votre clef, votre chambre est prise”.
Tu imagines le bug dans mon esprit. Petite parenthèse : je m’étale, dans les chambres d’hôtel. Surtout quand je pars en dédicace, je passe en mode YOLO. On dirait que quelqu’un a mis une dose de C4 dans ma valise pour la faire exploser. Y en a sur toutes les surfaces.
Donc là, je me demande si je suis tombée dans une faille spatio-temporelle. On n’est pas parties si longtemps au restaurant, 3 heures tout au plus, et encore. Comment ma chambre peut être attribuée à quelqu’un d’autre ?
Je lui fais répéter, et les nerfs commencent à monter en flèche. Car le mec a l’air de s’en battre les steaks. Tu sais, le gars nonchalant, limite en train de mâcher un chewing-gum ? Qui te parle comme s’il avait fumé 18 pétards en une heure ? Voilà.
Mon attachée de presse lève le ton : mais l’autre ne réagit pas plus. Elle m’embarque à ma chambre pour éclaircir cette histoire. Le trajet en ascenseur suffit à la faire passer d’agacée à super vénère. Alors que de mon côté, je cherche encore les caméras cachées.
Pas de héros, seulement le super-vilain!
“Ben ouais, on a vu les affaires, mais on s’est dit que la femme de chambre viendrait les chercher plus tard.”
On tape à la porte de ma chambre. Mon cerveau m’envoie de plus en plus de signaux “surréalistes”, et là, une nana nous ouvre. En culotte et débardeur translucide (ou pas loin), accompagnée d’une vague de fumée.
Je laisse l’attachée de presse prendre les commandes, puisque je suis toujours à côté de la plaque, j’avoue. Et j’entends la fille répondre à une question:
OK. Laisse-moi résumer, pour les deux neurones du fond de mon cortex cérébral qui ont du mal à suivre. Tu es entrée dans cette chambre, tu as vu l’explosion C4 nommée plus tôt. Puis tu t’es dit que c’était normal.
C’est là que je sens l’odeur de cannabis. La nana se décale, pour que je puisse récupérer mes affaires, et le nuage de fumée s’épaissit. Avantage ? Je suis défoncée le temps de comprendre ce qui se passe. Tu sais… Le drame de l’homme nu.
Quand rien ne va plus… ben, rien ne va plus!
J’avance donc et découvre un mec allongé sur mon lit. À poil. Les jambes écartées. Un joint à la main. Pépouze. OKLM.
Je détourne les yeux un poil (littéralement) trop tard. Tout le THC du monde ne suffirait pas à m’aider à encaisser la vision d’horreur que l’univers vient de m’imposer. J’ai envie de rincer l’intérieur de ma boîte crânienne et mes globes oculaires avec 10 litres de javel. Au lieu de ça, je rassemble mes effets personnels.
Au moment où je dois pousser le porte-feuille du naturiste, il lâche :
“Non mais c’est bon, on va pas te voler tes trucs, hein !”
Je ne réponds pas, je me concentre pour :
- Ne plus jamais avoir à poser les yeux sur lui
- Éviter de me transformer en Jack vers la fin de The Shining (enfin pas la toute fin, on se comprend)
- Me retenir de lui jeter un truc à la tronche, car ça m’obligerait à ne pas respecter le 1.
Bref, je constate qu’ils se sont étalés par-dessus mes affaires, partout. Je passe un moment à faire le tri, le gars toujours nu sur le lit et la nana qui m’observe. L’attachée de presse pète une durite en essayant de comprendre ce qui a bien pu se passer dans leur tête.
Réponse : rien. Il ne se passe dans la tête de ce couple. Comme le réceptionniste, ils doivent en être au 18° joint, au bas mot.
De romcom à thriller
Note : j’ai une passion-phobie pour les tueurs en série. Ce qui, tout de suite, fait carburer mon imagination plus vite que Carl Lewis.
Lorsque je suis à peu près sûre d’avoir tout récupéré, nous retournons à l’accueil où l’attachée de presse explose.
Tu sais, ce moment où tu as grave les nerfs et où l’autre en face s’en bat l’amphore ? Et où ça t’énerve davantage ? Voilà, on vit un long moment de ce type. J’ai l’impression d’être tombée dans la maison des fous d’Asterix. Le gars me demanderait d’aller chercher le formulaire A38, je ne cillerais même pas.
Je demande une nouvelle chambre, hein, je ne vais pas rester toute la nuit dans le hall. Et finalement, j’en obtiens une. Bienvenue dans le passage du film où tu sais que le tueur en série va se pointer.
La chambre donne sur une voie rapide. Et elle possède une sortie de secours accessible depuis un vieil escalier en métal, comme dans les séries américaines. Tu sais, c’est par là que le méchant se tire après avoir entendu les flics taper à la porte.
Mise à part l’ambiance clairement angoissante, je constate que les fenêtres ne sont pas insonorisées. J’entends tout ce qui se passe dans la ruelle, mais aussi les voitures. Impossible de rester ici. Puis je suis déjà en mode Super Saiyan. Je repars donc à l’accueil et je re-pète un câble pour obtenir une autre chambre.
Le mec s’en fout, clairement, il vient de se blesser au pouce et en a marre de mon histoire. Dont il est responsable, mais ça aussi, il s’en fout. Je ne lâche rien ! Je me paye même le plaisir de crier quand je vois des clients entrer pour prendre leur chambre. Il est plus de minuit, on n’entend que moi dans l’hôtel, d’ailleurs. Le réceptionniste finit par m’attribuer une autre chambre. Sûrement pour que je la boucle (j’ai la voix qui porte, hé hé) et je peux enfin me coucher.
Épilogue : ma vie n’est peut-être pas une romcom, finalement…
Je te passe les détails de la fin du week-end. Flashforward au moment où je déballe mes affaires, chez moi, le dimanche soir. Je découvre que la nana m’a volé du maquillage. J’en suis sûre, le mien était le seul étalé dans la salle de bains. Impossible pour moi d’avoir oublié quoi que ce soit à cet endroit. Plus de 100 euros de make-up, j’en finis pas de monter dans les tours, avec cette histoire.
L’hôtel demande à l’attachée de presse mes coordonnées pour m’envoyer un cadeau, ils sont “confus”. Ben tu m’étonnes. Moi, je suis marquée à vie par la vision d’un inconnu à poil, les jambes écartées, sur mon lit. Mais je le vis super bien. #Ironie
Ils ont envoyé des fleurs chez mon éditeur, pour moi. Je ne loge bizarrement pas dans les locaux de la maison d’édition, et je déteste les fleurs. Avec mon prénom, c’est bizarre ! Mais je préfère les voir dans la nature que coupées pour crever quelque jours plus tard, donc ça tombe bien. Je leur aurais sûrement renvoyé leur bouquet avec les têtes coupées, à la mode de Morticia Adams.
J’ai reçu une boîte de chocolats haut-de-gamme, et le remboursement pour les produits volés par la cliente. Tout est bien qui finit bien ? Je ne crois pas non, j’ai la rancune tenace. Ceci dit, lorsque j’ai été invitée à ce salon l’année suivante, j’ai été logée dans un appart-hôtel de standing supérieur. Avec les auteurs “importants”, sûrement pour compenser…
Si la vie te donne un scénario de thriller, fais-en une romcom !
Cette histoire a inspiré une amie autrice ! J’ai d’ailleurs tordu la réalité pour intégrer ce passage dans Cupcakes & Co 😉 Comme quoi, on peut toujours tirer du positif de toutes les situations !
Et toi, tu aurais fait quoi, à ma place ?
Il y a clairement de quoi péter un câble !!! Surtout après une journée bien chargée !
Il me semble que tu avais évoqué cette histoire lors d’un live 🤔
Ah ah oui, je crois que j’aborde régulièrement cette anecdote, parce que c’est tellement énorme que tu sais que ça va faire rire, ou qu’on ne va pas te croire 😛 J’étais contente que l’attachée de presse soit témoin, car j’aurais eu peur qu’on s’imagine que j’ai tout inventé XD
😂😅 digne d’un roman ton histoire curieuse également si ça a inspiré une amie à toi partage l’info.
C’est la moindre des choses le geste qu’ils ont eu envers toi. 😔🙃.
Lucie Castel a inséré une scène issue de cette anecdote dans Qu’est-ce qui fait pleurer les crocodiles que tu peux retrouver ici : https://amzn.to/3cIYuSr
Ah ! Mais quelle horreur !
Tu dis “Cette histoire a inspiré une amie autrice !” a-t-elle écrit l’histoire ? Si oui, je suis curieuse d’en savoir plus ^^
Hop, même réponse que pour Marion, c’est Lucie Castel dans Qu’est-ce qui fait pleurer les crocodiles, ici https://amzn.to/3cIYuSr 😉