Je mets Netflix en pause et remonte mes lunettes sur mon nez. Geste sensé marquer la détermination, et qui n’a pour résultat que de me rappeler mon accoutrement. J’étais partie pour une soirée cocooning chez moi, bien sûr que je suis fringuée n’importe comment !

Mes chaussettes-pantoufles sont devenue grisâtres à force de les laver, mais elles sont si confortables que je n’ai aucune envie de les remplacer ! Mon pantalon de pyjama écossais en flanelle est la réplique exacte de celui de Rachel dans Friends, sauf que je n’ai pas sa silhouette. Le rendu est nettement différent, et habituellement, cette vision est réservée à mon chat. Mon pull à capuche exhibe fièrement un énorme Pikachu devant et l’inscription « Pika pika » au dos.

Je préfère ne pas m’attarder sur mes cheveux. Car même si je maîtrise le chignon coiffé-décoiffé, j’ai plus l’air d’un rat mouillé que d’une icône de la mode. La faute à la génétique qui ne m’a pas équipée en épaisseur capillaire.

En même temps, mon allure est raccord avec mon humeur. Ça devrait jouer en ma faveur pour mon intervention !

J’attrape mes clefs, il ne manquerait plus que je m’enferme sur le palier pour ponctuer cette merveilleuse soirée…

Plus je monte les marches menant à l’étage supérieur, plus je remets ma décision en question. Quand même, c’est leur premier jour… Qu’est-ce qu’ils vont penser de moi ?

Je devrais m’en foutre, non ? Ils seront bientôt partis, c’est sûr ! Et puis ils peuvent avoir l’opinion qui leur chante à mon sujet, après tout, je n’ai rien fait de mal. Eux, oui. Et si personne ne leur a jamais appris les règles de base de… Un instant : c’est moi que j’essaie de convaincre, là ?

Je secoue la tête, agacée par mon attitude aussi changeante que les coiffures de Lady Gaga. Je fonce ! On réfléchira plus tard !

Je tape trois coup, ignorant la sonnette. L’idée est d’avoir un impact, et sonner est trop cordial dans ces conditions. Je rejette les épaules en arrière, relève le menton, me campe fermement sur mes pieds, et ressemble presque à une boxeuse sur le point d’entamer un round. Il ne manque que les gants, et je garde les mains le long du corps. Personne n’est à l’abri d’une pulsion de violence.

Plus les secondes passent, plus je me ratatine sur moi-même. Sûrement à cause de mon manque d’entraînement physique. On ne peut pas se donner à fond dans tous les domaines, hein ! Le mien, c’est les séries, et c’est déjà pas mal !

Bon, avec le bruit, j’imagine qu’ils ne m’ont pas entendue. Je double mes chances et me résigne à sonner avant de cogner trois fois du poing. Hé, ça marche ! J’entends des pas !

Je recule pour ne pas être trop près, ma démarche est déjà assez offensive sans envahir qui que ce soit. La poignée est actionnée et…

– Oui ?

Une petite mamie qui doit m’arriver aux épaules se tient dans la maigre ouverture, la chaîne de sécurité toujours en place. Je reprends rapidement mes esprits devant cette surprise :

– Bonsoir, madame, je suis votre voisine du dessous.

– Bonsoir, je peux vous aider ?

– Eh bien, oui… justement…

Elle tourne la tête et se met à tousser si fort qu’il me semble entendre un poumon s’écraser au sol. Elle revient vers moi et soupire :

– Désolée, vous disiez ?

– Vous vous sentez bien ?

– Oh, vous savez, à mon âge…

– Votre toux ne me dit rien qui vaille.

– Vous êtes gentille, mais j’ai l’habitude.

– Heureusement, vous n’êtes pas seule, en cas de besoin. C’est rassurant.

Elle fronce un instant les sourcils sans cesser de m’observer. Je me sens obligée d’ajouter :

– Vous avez emménagé avec votre époux ?

– Je suis veuve depuis bientôt quinze ans, je vis seule.

– Vous avez besoin d’aide pour déplacer vos meubles, peut-être ?

– Mes meubles ?

– Oui, j’entends bien que vous avez du mal à les bouger. Ce que je comprends tout à fait.

– Un instant, mademoiselle.

Elle ferme, retire la chaînette, et rouvre plus grand.

– Ces couloirs sont plein de courants d’air, entrez donc.

Je m’apprête à faire ce qu’elle me dit, quand je me souviens la raison pour laquelle je suis venue. C’est tout moi, ça ! Me préoccuper de la personne sur qui j’étais venue râler ! J’hésite, car si j’accepte son invitation, comment je pourrais ensuite lui expliquer qu’elle fait trop de bruit ? En même temps, elle ment forcément, et entrer me permettra de prouver qu’elle n’a aucun respect pour le voisinage. Même si elle a l’air adorable dans sa blouse fleurie d’intérieur, et que je ne l’imagine pas être verbalisée pour tapage nocturne… Bon, je fais quoi, du coup ? J’y vais ou je décline ?

D’un côté, même si elle était une tueuse en série, je pourrais l’écraser en m’asseyant sur elle ! De l’autre, c’est totalement contre-productif, et sympathiser avec l’ennemi pourrait me placer dans une situation où je n’oserais plus lui signaler qu’elle me dérange… Que décider ?

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