Elle s’écarte et j’entre en observant le couloir.

– Merci, madame.

– Vous pouvez m’appeler Giselle, je vous en prie.

– Je suis…

– Oh, je sais qui vous êtes, nos boîtes aux lettres sont côte à côte.

Elle m’indique d’avancer dans le salon, dont la configuration est presque identique au mien. C’est étrange, rien dans cet appartement ne donne l’impression qu’on vient d’y emménager. Au contraire, c’est comme si tout était d’origine, ou presque. Sachant que l’immeuble a été construit dans les années 70, ce n’est pas peu dire!

Sous mes pieds, la douceur d’un tapis m’interpelle. Un tapis? C’est pas censé étouffer les impacts? J’ai distinctement entendu des roues sur du parquet, en plus. Du bois, pas du tissu! Je m’immobilise, ce qui alerte mon hôtesse.

– Asseyez-vous, vous semblez épuisée.

Façon polie de me signaler que j’ai surtout l’air au bord de la crise de nerfs. En même temps, si j’étais à sa place, c’est ce que je penserais. Une femme débarque chez moi en fin de soirée et me souhaite une bonne installation alors que… que quoi?

– Excusez-moi, Giselle, ma question va sûrement vous paraître… hum… saugrenue, mais vous vivez ici depuis longtemps?

Nous prenons place, elle sur un fauteuil recouvert d’une couverture en laine, et moi sur le canapé qui lui fait face. Une horloge ponctue les secondes qui passent, une légère odeur de soupe de légumes flotte dans l’air, et rien ne correspond au boucan qui m’a motivée à monter.

– Dès que les ventes ont ouvert! répond-elle en souriant.

Son visage s’éclaire et elle enchaîne:

– Robert, mon époux, faisait partie de l’équipe d’architectes qui a établi les plans de tout ce complexe résidentiel. Ils ont eu la priorité pour acheter des appartements. Nous n’avons pas hésité: il était apprenti, c’était une opportunité inespérée!

Je n’ose pas demander la date, ce qui n’est pas nécessaire, puisqu’elle poursuit:

– C’était en 1972, et je n’ai jamais envisagé de déménager, même après le décès de mon mari.

– Je suis désolée.

Son regard se voile furtivement, elle se redresse comme pour chasser l’ombre et sourit. Je saisis l’occasion pour changer de sujet:

– Vous sous-louez, peut-être?

Elle fronce les sourcils et reporte son entière attention sur moi. Plus du tout plongée dans ses souvenirs, elle commence visiblement à s’inquiéter.

– Si vous me demandiez vraiment ce que vous souhaitez savoir?

Je joins les mains sur mes cuisses et plante mon regard dans le sien. J’espère que j’ai l’air un peu moins désaxée que tout à l’heure, car ce que je m’apprête à lui dire ne devrait pas arranger ma crédibilité.

– J’ai rendu visite à deux reprises à de nouveaux locataires de cet appartement, et en j’ai vu d’autres emménager, tout ça au cours des dernières années. Je suis certaine qu’il s’agissait de ce numéro.

– Est-ce que vous prenez de la drogue, mon petit?

Je déteste quand on m’appelle « mon petit ». De la part d’un homme, c’est sexiste et condescendant. De la part d’une vieille dame, c’est surtout condescendant, du coup.

– Non, je ne me drogue pas. Je ne fume même pas de cigarettes. Et j’ai une excellente audition, j’ajoute en crispant les poings. Je suis sûre d’avoir entendu du bruit chez vous, ce soir.

Elle se lève et m’indique de la suivre d’un geste sec de la main. Pas besoin de sous-titres: elle me vire. Je ne me fais pas prier, il est évident que quelque chose cloche. Je n’ai aucune idée de ce dont il s’agit, mais je finirai par trouver. Je ne suis pas folle! Et je ne me drogue réellement pas!

Ou alors, je travaille trop et je perds la tête… Non, ça n’a pas de sens!

– Rentrez bien, et reposez-vous, surtout, marmonne ma voisine en refermant derrière moi.

Je ne me suis même pas aperçu être arrivée dans le couloir! Elle a sûrement raison pour le repos, c’est évident. Mais je n’ai tout de même pas inventé les nouveaux locataires rencontrés ces derniers mois!

Demain, il ne me reste plus qu’à…

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