Ce n’est pas parce que je ne monte pas planter un scandal que je rends toutes les armes! Épuisée, certes, mais comme je ne pourrai de toute façon pas m’endormir, autant mettre mon temps éveillée à profit.

Ce n’est pas uniquement le bruit, qui m’ennuie; la situation tourne en boucle dans ma tête. On ne réalise pas à quel point le confort quotidien est important! Enfin si, comme pour beaucoup de choses, on s’en rend compte une fois qu’on le perd. J’apprécie ma tranquillité. Oui, je suis casanière, j’aime profiter de moments cocooning chez moi! Peu importe ce que la société dit que les gens de mon âge devraient faire, d’ailleurs! J’ai tout à fait le droit d’être associale. C’est aussi ça qui me pousse à ne pas déclencher un drame de voisinage.

Tout est une question de logique, et j’ai assez cogité à tout ça pour avoir exploré les issues possibles.

Si je me plains, je vais devoir entrer en interaction avec davantage de personnes que les voisins irrespectueux du dessus. Le syndic va être impliqué, les curieux vont intervenir, tout le monde aura ensuite son mot à dire. Pas uniquement sur mon problème, ce serait trop simple! Je les ai déjà vus à l’œuvre: ils en profitent pour ouvrir les vannes des doléances. Autant dire que quand les chiens sans laisse et autres poubelles mal fermées seront mentionnés, le bruit sera relégué au second plan.

Non, je dois la jouer fine, et ça implique de ne pas me précipiter tête la première dans un bourbier qui ne m’apportera qu’une migraine.

J’ouvre une fenêtre de navigation sur mon ordinateur et tape la recherche:

« Comment réagir quand on a des voisins bruyants? »

Le premier résultat m’encourage à appeler la police. Ce que je ne ferai pas: confère la réaction en chaîne qui s’ensuivrait et que j’ai déjà évoquée.

Le prochain conseil évoque la nécessité de discuter lorsque le bruit a cessé. Hors zone de combat, donc… Ce serait peut-être une option, puisque je suis moi-même assez à cran en pleine perturbation auditive. Je note et je garde ça de côté!

Ensuite, on m’enjoint à réaliser des travaux pour insonoriser mon appartement. Euh, merci, mais non merci! D’accord, j’aurais le plaisir de faire du bruit à mon tour, mais franchement, c’est nul comme idée.

Ah! En voilà une qui me plaît: le courrier! Ça évite de balancer un coup de boule si la personne en face est insupportable. On pose les idées à froid, on peut se relire et rester courtois tout en trouvant la formulation parfaite! Je connais le numéro d’appartement et donc je sais dans quelle boîte aux lettres déposer ma requête: parfait!

Aussitôt décidé, j’ouvre cette fois mon traitement de texte et commence à écrire…

Une heure plus tard, j’ai rédigé trois versions de ce qui m’a pris plus d’énergie que je l’aurais cru! Mais je suis satisfaite, et il ne me reste plus qu’à déposer l’enveloppe contenant la version manuscrite de ma réclamation. Le site disait que l’effet est moins formel si on écrit à la main, et c’est toujours mieux qu’y aller cash avec le char d’assaut. La tentative d’arrangement à l’amiable devrait porter ses fruits, en tout cas je l’espère. Après tout, on est tous adultes! Non?

Mais si…

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