Collection Follow Me - Tome 1
Il s'agit d'une réédition, l'histoire est la même, seul le texte a été amélioré.
La série Follow Me se compose de 3 tomes compagnons, c'est à dire que chaque tome peut se lire indépendamment des autres.
Pour une meilleure expérience de lecture, il est préférable de les lire dans l'ordre, pour garder une totale surprise.
Follow Me : Seconde Chance (tome 1)
Follow Me : Nouvelle Chance (tome 2)
Follow Me : Dernière Chance (tome 3)
Elle a encore mis le live d’Alice in Chains.
Je l’observe écouter. Je pourrais la regarder pendant des heures. Juste elle, la musique et moi.
Elle sourit, les yeux fermés. Ses cils trop maquillés reposent sur ses joues comme deux éventails miniatures. Elle me tient la main dont elle caresse lentement le dos au rythme de la chanson, et pose la tête sur mon épaule quand les paroles de Nutshell démarrent. Je voudrais capturer cet instant, car cette perfection pourrait facilement m’échapper. Si ça devait arriver, je prélèverais ce moment pour le conserver en moi. Je l’aimerais à l’en user…
Chacune de ses respirations se calque sur un battement de mon cœur. Ou c’est son souffle qui hypnotise mon cœur ? Je regarde ses lèvres entrouvertes d’un léger étirement qui les quitte rarement. Dès que je l’ai vue sourire, ce jour-là, j’ai su.
Elle m’attire à elle pour qu’on s’allonge : ce rituel qu’on partage depuis des mois me sort de mes pensées. Sa main glisse le long de ma jambe, elle effleure l’intérieur de ma cuisse et je l’embrasse en la faisant basculer sur le dos. Ma langue s’immisce dans son sourire et caresse la sienne en suivant la musique, presque inconsciemment. Un frisson remonte ma colonne, comme chaque fois.
Plus que chaque fois. Avec la certitude que ça y est, je ne peux pas être plus heureux. Au-dessus d’elle, en appui sur les avant-bras, je pose les mains sur ses joues. Pour la garder près de moi. J’ai trop peur que ça s’arrête. Il n’est pas une parcelle de mon être qui ne soit en contact avec le sien. Elle ondule le bassin, sa façon de me recentrer quand elle croit que je m’éloigne. Je plonge les doigts dans ses cheveux étalés sur l’oreiller avant de prendre du recul. J’ai besoin de la regarder. J’ai toujours besoin de la regarder.
J’aime la voir dans mon lit.
J’aime qu’elle fasse partie de mon univers.
Je repousse une boucle auburn de son front. Elle ouvre ses grands yeux verts et me sourit tout en déboutonnant mon jean. Sa main m’entoure me faisant soupirer contre ses lèvres. Je dépose des baisers sur sa tempe, sa joue, le coin de sa bouche… Lorsqu’elle resserre ses doigts sur moi, j’appuie le front contre son épaule, en fermant les paupières pour mieux savourer les sensations qu’elle me procure.
Elle s’écarte, me déclenchant un manque irrationnel, se faufile hors du lit et fouille dans son sac de cours. Je l’attends allongé sur le dos, plus amoureux que tout à l’heure, cause perdue. Elle revient et dépose quelque chose dans ma main. Je regarde, à la fois étonné et rassuré.
– T’es sûre ?
Elle hoche la tête en souriant. Je l’attire plus près et l’embrasse. On se déshabille sans un mot, la musique continue de déverser ses notes dans ma chambre pendant que je prends mon temps.
Elle est mince, fragile, tellement fine qu’elle n’a pas besoin d’enfermer ses seins dans un soutien-gorge. Je sais qu’elle n’en porte jamais, mais je suis systématiquement surpris. J’effleure lentement sa poitrine, je veux que ce soit parfait pour elle. Je la caresse de mes doigts, mes lèvres, ma langue, mon souffle… Je me drogue de sa peau douce.
Je l’aime tellement que ça me fout parfois la trouille.
No Excuses démarre au moment où elle déroule maladroitement le préservatif avec des gestes hésitants. L’imperfection de ses mouvements intensifie ma certitude d’être précisément où je le dois. Elle me fixe, me sourit encore, et je prends lentement sa virginité. Très lentement. J’en apprécie chaque seconde tout en m’appliquant à effacer la légère crispation sur son visage. J’attends son soupir, celui qui me confirmera qu’elle est en confiance. Je ne prends pas, elle n’offre pas… on partage.
Elle gémit. De plaisir, enfin.
Elle place ses mains sur ma nuque et me ramène à elle. Elle m’embrasse et je jouis trop vite, trop fort, puis elle me serre dans ses bras.
Je saisis cet instant pour le ranger avec tous ces fragments d’elle et de nous qui donnent un sens à ma vie.
Sans elle, il me manque un bout de moi…
– Lise ! Voldemort m’a dit que tu avais dû partir en urgence !
Je glisse les écouteurs dans mes oreilles afin de pouvoir discuter avec Loïc tout en travaillant. Oui, je suis une femme polyvalente.
– Je suis déjà chez Annabelle. Elle a fait une mauvaise chute et s’est cassé le col du fémur. Je vais l’aider à s’installer, prendre ses marques, tout ça.
– Oh, non… Tu l’embrasses de ma part, OK ?
– Bien sûr.
– Et ça va, toi ?
– Je gère, ne t’en fais pas, je le rassure en levant les yeux au ciel.
– Non, je veux dire… Tu vas sûrement le croiser.
– Je préfère ne pas y penser.
Presque une décennie hors de sa vie, et je suis à quelques pas de peut-être le revoir. Quelles sont les probabilités de se croiser ? Compte tenu du fait que ses parents vivent sur le même palier qu’Annabelle, elles sont plutôt élevées. Je n’ai jamais été très douée en mathématiques, mais même moi je comprends que les statistiques ne jouent pas en ma faveur.
Lorsque j’ai su que je devais retrouver mon amie, ma grand-mère de substitution, j’ai immédiatement pensé à Ange.
J’ai l’impression de revenir sur les lieux du crime… Ça ferait un scénario digne des téléfilms de l’après-midi : elle quitte son petit ami follement amoureux d’elle, part à des centaines de kilomètres, réalise qu’elle l’aime toujours, passe à côté de sa vie et revient dix ans plus tard, pas pour lui, mais est toujours amoureuse. Résumer ma vie en une phrase est douloureux, mais tellement conforme à la réalité que je pourrais sûrement écrire un mauvais guide, à défaut de faire fortune à la télé. Comment piétiner son propre cœur pour les nuls. On est bien contents que je ne me sois pas lancée dans une carrière marketing !
– Tu parles de lui tous les jours depuis qu’on se connaît, et là, tu vas réussir à ne pas y penser ?
J’ignore le sarcasme de Loïc. Il est en train d’anéantir mon plan pourtant parfait qui consistait à faire l’autruche, alors je le contre avec une détermination totalement feinte :
– Il ne vit plus chez ses parents, il y a donc peu de risques qu’on se voit.
– Oui, mais si ça arrive, tu m’appelles immédiatement !
– Pourquoi ?
– Je peux gérer tes crises de panique à distance, réplique-t-il comme si j’étais demeurée.
– Très drôle.
– Tu as besoin que je reprenne un de tes articles ? Quelque chose ? Dis-moi ce que je peux faire.
– Non, merci, ça ira, je suis en télétravail.
Ma phrase à peine terminée, j’entends Annabelle appeler.
– Je dois te laisser ! Sois sage, je te fais signe demain.
Je raccroche et sauvegarde mon travail avant d’aller retrouver ma plus vieille amie. Vieille parce qu’on se connaît depuis toujours, ou presque. Et puis bon, vieille aussi, car elle accuse 83 printemps. J’essaie de ne pas montrer mon inquiétude de la voir toute frêle dans ce grand lit médicalisé au milieu de sa chambre si élégante.
– Ah, Mademoiselle, pourriez-vous tourner le verrou, s’il vous plaît ? Mon amie va me rendre visite et j’ai peur qu’elle ne puisse pas entrer, elle ne possède que la clef du bas, vous comprenez.
– Quelle amie ?
– Lise, elle revient dans le Sud exprès pour moi, elle est adorable… Je ne sais pas ce que je ferais sans elle.
Il me faut quelques secondes pour réaliser qu’Annabelle ne plaisante pas et parle de moi, sans avoir conscience de ma présence dans la pièce. Enfin si, elle sait que quelqu’un est avec elle, sauf que…
– Annabelle, je suis déjà là, je murmure pour contrôler le tremblement de ma voix.
Ses yeux semblent faire le point, comme si elle était partie dans ses pensées et qu’elle revenait dans le présent. Elle pose le regard partout, excepté sur moi, je m’approche pour la rassurer.
– Tout va bien, je suis là et l’infirmier va bientôt arriver.
– Le verrou…
Elle bredouille en s’agitant. Je ne l’ai jamais vue dans cet état.
– Je vais l’ouvrir, rassure-toi.
– Lise doit venir et… je…
– Je suis Lise, tu te souviens ? Je suis arrivée hier et on est rentrées tout à l’heure de l’hôpital. L’infirmier va venir vérifier tes pansements, d’accord ?
Elle hoche la tête, toujours confuse. Au moins autant que moi, même si j’essaie d’avoir l’air confiante pour ne pas l’affoler plus.
– Il faut ouvrir le verrou, Lise pourrait repartir en pensant qu’il n’y a personne, elle n’a pas la clef du haut…
– Je m’en occupe, ne t’inquiète pas.
Je lui tapote la main et m’échappe un instant de l’appartement, sur le palier. Je referme sans bruit pour qu’elle ne m’entende pas, puis m’adosse au mur en appuyant un poing sur ma bouche. Je sens les larmes rouler sur mes joues avant que le premier sanglot se manifeste.
Elle ne m’a pas reconnue.
Elle ne sait pas qui je suis.
Une boule dans la gorge m’empêche de respirer correctement. Je sais que je ne dois pas me laisser aller, mais elle ne m’a pas reconnue ! On se fréquente depuis mes 14 ans et elle n’a aucune idée de mon identité ! Je ferme les yeux pour retenir mes larmes plus facilement. Une grande respiration, et je me maîtrise à peu près. Quand j’estime être calmée, je me redresse et l’aperçois.
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