Quand on veut écrire une romance, ou n’importe quel genre littéraire, d’ailleurs, il est important d’en connaître les codes. Ça, je crois que je le répéterai jusqu’à ce qu’on me bâillonne! Parmi les codes, on retrouve diverses notions, et les scènes clés en font partie. Les scènes clés sont les passages quasi-obligatoires dans une littérature de genre. Par exemple, en polar, on s’attend quand même à ce que l’enquête soit élucidée. Sinon, bonjour la frustration. Donc la scène de la révélation est essentielle, c’est une scène clé. On pense forcément à Columbo, ou Hercule Poirot, chez qui les scènes de révélation sont très soignées. En romance, c’est pareil! Enfin, pas pour les cadavres et les révélations (quoi que, en romantic suspense, c’est tout à fait envisageable!) Il y a des moments qu’on s’attend à trouver quand on lit une romance, et sans lesquels on reste sur sa faim, déçue. Toi qui souhaites écrire une romance, tu ne peux pas passer à côté. Et d’ailleurs, il y a fort à parier que tu as déjà ta petite idée concernant l’écriture de ces scènes clés…
Écrire une romance démarre par… le début (beh oui)
Non, ne pars pas! Je sais, c’est hyper logique et, franchement, Fleur, merci mais merci bien! Permets-moi simplement de te renvoyer à cet article dédié aux 5 techniques pour un incipit de romance réussi. Si tu ne l’as pas encore lu, c’est le moment, car j’y détaille ce qui, selon moi, fait un début de romance réussi.
Au cas où tu aies la flemme, je te comprends, je te rappelle brièvement pourquoi ton début doit être le passage le plus soigné de ta romance. Dans la majorité des cas, c’est ce début qui va déterminer si la lectrice poursuit ou s’arrête. En l’accrochant dès les premières lignes, tu as déjà fait un énorme boulot.
Bon, tu le sais: même si je te conseille de particulièrement soigner ton début, je ne suis pas en train de dire que le reste peut être bâclé! Pour écrire une romance efficace, c’est un ensemble de soins à apporter à divers aspects.
Mais si tu écris un début loupé, les répercutions seront terribles pour ta romance, mais aussi pour les suivantes. Une lectrice qui s’arrête parce que ton début l’ennuie, ou qu’elle est perdue, ne reviendra probablement pas à une autre de tes romances.

La rencontre dans une romance
Tu as captivé ta lectrice avec ton début, la voilà plongée dans l’histoire! Qu’attend-elle, si cette scène n’a pas eu lieu au début?
La rencontre des protagonistes, bien sûr!
Écrire une romance démarre d’ailleurs souvent par l’idée de la rencontre! C’est mon cas, car j’adoooooore les rencontre magiques! Celles qui me filent des papillons dans le bide et / ou qui me font rire, rêver… Bref, toutes les émotions positives: je prends!
Tu l’auras compris: ta rencontre ne peut pas laisser la lectrice indifférente. Ce serait honteux!
Prenons par exemple cette rencontre de Lead de la série Stage Dive de Kylie Scott:
– C’est toi qui m’as acheté ça ?
Il hocha la tête.
– Hier soir, chez Cartier.
– Cartier ? Ah…
Ma voix n’était plus qu’un souffle.
Il me dévisagea longuement.
– Tu ne te rappelles pas ?
Je ne tenais vraiment pas à répondre.
– Ça fait quoi, ça, d’ailleurs ? Deux, trois carats ?
– Cinq.
– Cinq ? Oh la vache !
– Tu te souviens de quoi, au juste ? demanda-t-il, sa voix se durcissant un peu.
– Euh… c’est flou.
– C’est pas vrai…
Son froncement de sourcils s’intensifia jusqu’à altérer son beau visage.
– Tu te fous de moi, là. Tu ne te souviens de rien, sérieusement?
Que répondre? Ma bouche restait ouverte, inutile. Apparemment, j’avais oublié un tas de choses. À ma connaissance, cependant, Cartier ne faisait pas dans le bijou de fantaisie. Ma tête se mit à tourner. Un mauvais pressentiment déferla dans mon estomac et la bile brûla le fond de ma gorge. Encore pire que tout à l’heure.
Je ne vomirai pas devant ce mec.
Pas une nouvelle fois.
Il prit une profonde inspiration, les narines dilatées.
– Je ne m’étais pas rendu compte que tu avais autant bu. Je veux dire, je savais que tu étais un peu pompette mais… Sérieusement ?
Tu ne te rappelles pas qu’on est allés sur les gondoles au Venitian?
– Des gondoles ?
– Merde. Ah! Et quand tu m’as acheté un hamburger ? Tu t’en souviens?
– Désolée.
Attends un peu, dit-il en me regardant à travers ses yeux plissés. Tu es en train de te foutre de moi, c’est ça ?
– Je suis vraiment désolée.
Il eut un petit mouvement de recul.
– En gros, tu ne te souviens de rien ?
– Non, répondis-je en déglutissant avec difficulté. Qu’est-ce qu’on a fait hier soir?
– On s’est mariés, gronda-t-il.
Mémorable, cette rencontre, non?
Sans dire que la tienne doit être sur ce ton, tu vois où je veux en venir: la rencontre ne peut pas être bof, dans une romance.

Écrire le premier baiser
Quant au premier bisou, on est bien d’accord que s’il est bof, il faut absolument que ce soit justifié! Car on a plutôt tendance à attendre le premier baiser comme on attend le messie: avec impatience, la fébrilité de l’anticipation et une pointe de scepticisme. Enfin, si on est moi, c’est un semi-remorque de scepticisme, concernant le messie. C’était un exemple nul, pardon.
Toujours est-il que tu ne peux pas envisager d’écrire une romance sans imaginer déjà le premier bisou entre les protagonistes.
Je mens, en fait si, c’est possible: un sacré challenge, et il faut trouver un substitut, mais ça se joue!
Cela dit, j’aborde ici la situation la plus fréquente, et c’est bien celle qui implique le premier baiser.
Encore une fois, on ne change pas une équipe qui gagne: l’important est de ne surtout pas laisser la lectrice indifférente! Tu imagines la lecture d’un premier baiser où on se dirait “bon, je vais passer, parce que je m’ennuie…”? Ce serait la catastrophe!
Serait-ce prétentieux de prendre comme un exemple un extrait d’une de mes romances? Sûrement. Mais suis-je à ça près? Absolument pas!
– Au ralenti, c’est le mieux. T’imagines, tu te revisionnes une scène, mais super lentement. Tu vois tout. Et t’as le temps de goûter la saveur de chaque milliseconde. La vie, ça passe en un claquement de doigts.
Je frotte les miens pour illustrer, je parle beaucoup avec les mains. Je suis pas italien, pourtant. C’est pour éviter la confusion, justement, mieux me faire comprendre. Mais j’avais oublié que ma main était dans l’eau. Du coup ça fait pas « clac » et c’est un clapotis de plus. Pas grave, je continue.
– Au ralenti, t’entends tout. Le moindre souffle devient une symphonie.
– T’es foncedé, mec, j’adore.
– J’te jure, t’entends les milliards de particules d’un soupir éclater, mais elles éclatent pas en même temps. Chacune va à son rythme, c’est complètement ouf et ça fait une chanson.
– Quand je respire, c’est de la musique ?
– Grave. Moi je l’entends presque. Si je ferme les yeux et qu’on arrête de parler, je pourrai saisir quelques accords.
J’abaisse les paupières et j’attends qu’il n’y ait plus que le silence entre nous. Encore du clapotis. J’aime bien, mais…
– Garde les yeux fermés, Morgan. Je vais composer une musique entre tes lèvres.
Ma respiration à moi, elle se coupe. Presque. Sinon je serais mort et j’ai pas envie de clamser avant d’avoir été embrassé. Au moins une fois. J’ai jamais goûté la bouche de quelqu’un d’autre. Et je sais qu’Adrien va le faire. J’essaie de pas bouger, puis surtout je lui obéis. Je voudrais le voir s’approcher, sauf que j’ai trop peur qu’il change d’avis.
Il change pas d’avis.
J’ai l’odeur du chlore dans les narines, la saveur d’Adrien contre ma peau. Il me frôle à peine, de quoi me donner envie de plus, plus, bien plus. Et d’avoir le pouvoir d’ordonner au temps de prendre son temps. Que je puisse entendre la partition, la deviner au moins, mais le temps en a rien à foutre de ce que je veux, il continue. Trop vite pour moi, du coup je sais plus. Je sais plus si c’est lui qui a d’abord posé une main sur ma taille ou si c’est moi qui ai faufilé les doigts dans ses cheveux humides. J’ai oublié, je dois me concentrer pour rattraper mon retard. Parce que sa langue est déjà dans ma bouche, elle caresse la mienne ; ça y est, je suis là. Puis c’est tout mon corps qui nous rejoint, c’est brutal et soudain, et beau, et tendre, et intense. Et c’est nous. C’est l’eau qui finalement est pas une barrière, parce que son torse contre le mien, je le sens de ouf. Mais genre, ça brûle presque, ça a pas de sens, vu qu’on est dans la piscine. Ça devrait pas brûler. De toute façon, c’est pas une brûlure douloureuse. C’est plutôt une sensation de trop et pas assez à la fois. Mes dents se cognent aux siennes, il réagit pas, il m’embrasse encore. Et même que je l’entends cette chanson, putain, je l’entends. Je l’entends en moi, pas dehors, c’est un son que je vis, bordel, qui me touche. Il s’immisce dans mes organes et impose son rythme à mon cœur. Ses lèvres sont douces, ses doigts frais sur ma taille, c’est étrange. Étrange bien. Étrange génial, même. Étrange… je voudrais en effet que le temps ralentisse et qu’il me laisse vraiment profiter, parce que ça va trop vite. C’est toujours trop rapide pour moi et ça me frustre. Et là, on dirait qu’il sait : il freine. Mais pas pour stopper, j’ai pas peur de ça une seconde, je le sens qu’il écoute, lui aussi, il a envie d’entendre. Et après, ça s’atténue et je peux enfin tout percevoir. La douceur de nos langues qui se cherchent, la pression de nos lèvres scellées et la musique. Surtout la musique. Celle de nos souffles qui se mélangent et se percutent et ça fait une explosion dingue de particules en harmonie. Y a pas de dissonances quand on s’embrasse, c’était pas possible de toute façon. Je veux la voir, cette chanson qu’on a composée sans le faire exprès : j’ouvre les yeux.
C’est sûrement la scène de premier baiser de laquelle je suis la plus fière, j’ai eu aussi énormément de retours sur cette histoire qui n’est plus disponible, et on m’en a parlé, de cette scène! Donc travaille ce premier baiser, il le mérite!

Écrire la 1° fois
Sur le même principe, impossible de ne pas soigner autant la première fois que les protagonistes ont une relation sexuelle. Qu’elle soit tendre, volée entre le fromage et le dessert, attendue depuis 400 pages, à peine suggérée, hyper détaillée, d’un seul point de vue ou des deux en alternance… Bref, elle fait écho au première baiser.
Elle est loin d’être obligatoire. Tu peux totalement te passer de cette scène. Mais si tu décides de l’écrire, alors elle fait partie des scènes clés à côté desquelles tu ne peux pas laisser ta lectrice passer.
Il faut qu’elle s’y arrête, qu’elle soit tellement happée que la première personne à l’interrompre se mangera sa liseuse ou le broché dans la face. Tu saisis l’importance, je pense.
Comme il s’agit d’une heure de grande écoute (absolument pas), et que je ne veux ni choquer la sensibilité des plus jeunes, ni attirer des gens chelous avec des mots clés tendancieux, je vais te laisser le soin d’explorer des exemples des 1° fois réussies au fil de tes lectures.

Écrire une romance sans séparation? Jamais!
Mais parce que ce ne serait pas une romance sans un seul obstacle, il faut bien à un moment que les amoureux s’éloignent!
Qu’ils se disputent, qu’ils n’aient pas le choix, qu’ils affrontent un obstacle commun… les possibilités sont très nombreuses, et n’impliquent pas obligatoirement une rupture à proprement parler.
L’important est de garder à l’esprit que tout n’est pas rose tout le long. Aucun intérêt. Il faut des bâtons dans les roues de l’histoire d’amour! Même les contes de fée, en ont!
➡️ Cendrillon est enfermée par sa belle-mère.
➡️ Ariel ne peut pas sortir Eric du sortilège de Ursula.
➡️ Jafar prend le pouvoir et sépare Jasmine et Aladdin.
Tu vois le concept.
Mais surtout, on évite le vieux quiproquos inutile qui pourrait être solutionné en communiquant un minimum. Ou pire, la séparation qui aurait pu être évitée avec un peu de bon sens.
Pour ne pas spoiler, je ne propose pas de passage, car c’est une scène qu’il est préférable de découvrir au cours de sa lecture!

Les retrouvailles
Et comme on est dans une romance, il faut que les protagonistes se retrouvent, bien sûr!
Car l’amour surmonte tout, sinon, on s’est plantées de genre. Alors les retrouvailles sont une scène elle aussi tout aussi attendue, et anticipée quand on veut écrire une romance.
Il ne suffit pas de dire “oh ben alors, c’est tout? Je te pardonne, mon biquet.” Il faut convaincre la lectrice, tout comme les protagonistes. Et pour ça, sans surprise, il te faut soigner l’écriture de ce passage autant que des autres mentionnés dans cet article!
⛔️ S’ils se croisent pas hasard au supermarché et décident de se remettre ensemble? Non.
⛔️ S’ils se font un high five et retournent à leurs occupations? Non.
⛔️ S’ils s’envoient un SMS “Tout est OK?” “OK.” Non.
⛔️ S’ils décident de faire table rase du passé sans avoir rien résolu? Non.
En bref, tu l’auras compris, tu ne peux pas torcher cette scène en 3 phrases.
Et toujours pour ne pas te gâcher le plaisir de certaines lectures que je pourrais citer ici, on va se passer d’extrait pour illustrer mon propos.

Une fin à la hauteur
Tu sais, le fameux soufflé au chocolat dont tu as hérité de la recette de ton arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grand-mère? Celle où tu calibres tout méticuleusement, au degré près de la pièce dans laquelle tu cuisines? Celle où ça passe ou ça casse quand tu sors le soufflé du four?
Ben voilà, tu arrives à la table où t’attendent tes convives, et tu leur présentes une tarte toute molle. C’est ton soufflé, mais tu t’es loupée sur la dernière étape. Et comme c’est le dessert, ce sera la dernière impression que tu laisseras à tes invités. Il ne te reste plus qu’à les faire picoler jusqu’à ce qu’ils oublient.
Non, l’alcool c’est le mal. Et de toute façon, tu ne disposes pas de cette option pour les lectrices. Tu n’as qu’une choses à faire: réussir la fin.
Quand elles fermeront le livre, c’est cette ultime impression qui restera avec elles. Et même si elles ont adoré l’histoire, si jamais la fin les déçoit… ça ne fera pas le poids. Car elles penseront toujours à cette romance en se disant “j’ai adoré, mais la fin m’a tout gâché”. Tu veux à tout prix éviter de “mais”…
Évite aussi le “ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants, allez, salut, j’ai un soufflé au four.”

Pour conclure…
Qu’est-ce que l’écriture de ces scènes clés, et la nécessité de les réussir, nous apprend?
Que même s’il est important de tout soigner dans une romance, on doit mettre tout ce qu’on a dans ces scènes. C’est-à-dire que si la description d’une pièce n’est pas optimale, ce n’est pas dramatique. L’histoire de ta romance ne repose pas sur la description de cette pièce qu’on verra pendant 2 paragraphes durant tout le livre.
Mais si tu te loupes sur une des scènes clés, là, ce n’est pas la même limonade! Alors quand tu veux écrire une romance, apporte un soin particulier à ces passages que tu adores toi-même lire chez d’autres. Souviens-toi ce qui t’a plu, ce qui t’a vendu du rêve, et vends-en à ton tour!
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