Comment je suis devenue autrice de romances?
Voilà une question qui revient très souvent, et je comprends pourquoi on me la pose. Surtout que me concernant, écrire n’a jamais été une vocation. Et j’ai commencé à lire de la romance après mes 25 ans… Je te raconte comment je suis devenue autrice de romances et comment cette activité est devenue ma carrière professionnelle.
Avant de devenir autrice, j’étais lectrice
Quand je le dis, ça me paraît toujours évident. Et pourtant, il faut le préciser, car aujourd’hui, je vois des personnes qui veulent devenir autrices de romances… mais n’en lisent pas.
Je ne comprends pas comment on peut vouloir devenir auteur professionnel si on n’aime pas lire, et lire précisément dans le genre qu’on souhaite exploiter.
Je ne dis pas que c’est impossible, mais ça me paraît opportuniste et ça manque d’authenticité, à mes yeux. La raison est logique: si tu écris pour être lue, tu t’adresses donc, à travers tes histoires, à des lecteurs. Et si tu ne sais pas ce que ce lectorat attend, si tu n’es jamais à leur place, comment pourrais-tu établir un lien avec lui?
C’est en tout cas ma façon d’envisager mon activité.
J’ai tardivement découvert le genre de la romance, c’est vrai. Mais quand ça a été le cas, je n’ai plus lu que ça pendant des années. Je suis tombée dedans comme Obélix dans la marmite, et je n’ai plus voulu en sortir!
J’animais à l’époque des ateliers de loisirs créatifs, et je venais de sortir mon premier livre sur le sujet, aux éditions Eyrolles. La suite s’est imposée d’elle-même!
De lectrice à autrice
Ce n’est pas un hasard si le nom de ma formation d’écriture est De lectrice à autrice. Je suis passée par là, je sais ce que ça fait de se dire “et si…”
Et si moi aussi, je racontais une histoire d’amour qui finit bien?
Et si moi aussi, j’avais mon livre disponible dans une librairie?
Et si moi aussi, je permettais à des lectrices de s’évader, le temps d’une romance?
Au début, je ne me suis pas vraiment demandé comment devenir autrice de romances. J’avoue que j’étais chargée de tous les préjugés possibles et imaginables. Y compris le fameux “la romance, ça doit être hyper facile à écrire!” Après tout, raconter des relations amoureuses, ça ne peut pas être sorcier…
Non?
Je peux te dire que je suis tombée de haut. D’ailleurs, je devais inconsciemment avoir l’intuition que j’allais me ramasser, car une petite voix dans ma tête me disait: “Ben fais-le, si c’est si facile!”
Tu devines la suite?
Faux départ et grosse vautrade
Je me suis donc lancée sans aucun filet. Aucune connaissance. Je n’avais à mon actif qu’un livre de non-fiction, un pas à pas pour réaliser des bijoux, dans lequel il y avait plus de photos que de texte.
Autant dire que plonger dans l’écriture de fiction n’a pas été l’équivalent de faire la planche en lézardant au soleil. C’était plutôt comme l’épisode le plus sanglant de Games of Thrones, si tu veux tout savoir. Comme si les dissertations rédigées une dizaine d’années plus tôt, à la fac, suffisaient à s’en sortir! Je l’ai cru, et mon premier manuscrit est une horreur absolue. Je ne souhaite cette pénible lecture à personne, pas même à ma pire ennemie!
Seuls mon mari et ma grande sœur Sonia l’ont lu, et comme ils ne voulaient pas me blesser, ils m’ont dit que c’était bien. C’était nul, médiocre, atroce, d’un ennui mortel et écrit avec la sensibilité d’un Karscher. Mais bien? Absolument pas!
Mon aptitude à devenir autrice de romances commençait à être sacrément compromise!
Même joueuse joue encore
J’aurais pu en rester là, me dire que cet exercice de style n’était pas pour moi. Sauf que je suis têtue, et comme un message de la providence, une des maisons d’édition que je suivais de près a lancé un appel à textes pile après mon échec cuisant.
Ni une ni deux, j’ai convoqué ma muse (Sonia) et nous nous sommes posées pour papoter de cette histoire que j’allais écrire, à partir d’une vague scène vue en rêve.
J’avais visiblement des choses à raconter, et cette opportunité tombait à pic! Cette fois-ci, j’y suis allée plus prudemment, à pas feutrés. Il s’agissait d’écrire une nouvelle en vue d’une publication numérique. Et comme la mode était aux épisodes, façon feuilleton (on est en 2012, à ce moment), c’est le format que j’ai choisi.
J’ai ainsi rédigé les 3 premiers épisodes de ce qui deviendra Feeling Good et s’appelait à l’époque Les mantras de Sarah. Je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait alors: un contrat d’édition, et une commande de plusieurs épisodes supplémentaires.
Mon texte était-il parfait? Absolument pas. Aujourd’hui encore, après plusieurs révisions, il ne l’est toujours pas. Mais il était bien au-dessus de mon premier manuscrit!
C’est pour le fun, pas pour en vivre, hein…
Le succès de ce titre m’est un peu tombé dessus sans prévenir. Je m’émerveillais de chaque avis de lectrice, chaque commentaire Amazon, chaque nouvelle abonnée à ma page Facebook.
Je n’avais encore aucune idée d’à quel point ce virage allait changer ma vie. Je voulais m’amuser, et c’était le cas, mais j’avais déjà essuyé plusieurs défaites concernant mes activités professionnelles.
J’avais la fâcheuse tendance à vouloir vivre de ma passion. J’ai tenté plusieurs fois l’aventure, et systématiquement, le besoin de gagner de l’argent pour pouvoir continuer à m’éclater sur cette passion prenait le pas sur le plaisir.
Il faut croire que je n’apprends pas de mes erreurs, car sans le voir venir, j’ai petit à petit développé une activité qui a rapidement effacé toutes les autres. Écrire est devenu mon occupation principale, même si j’étais exclusivement publiée chez des éditeurs traditionnels. Ce qui signifie que je ne gagnais pas un salaire, mais plutôt ce que je voyais comme de l’argent de poche.
Direction la cour des autrices de romances!
Et ensuite?
Ensuite, accompagnées d’amies et de leur soutien, j’ai osé. Je suis devenue autrice hybride, et j’ai appliqué tous ces conseils que j’engrangeais depuis des années.
C’est loin d’être facile tous les jours, et les tâches administratives sont chronophages. Mais qu’est-ce que j’aime être entrepreneuse et vivre de ma passion!
J’écris des romances, j’en lis toujours, et même si les journées se suivent sans se ressembler, et que mon planning subit toujours des changements imprévus de dernière minute, j’adore mon métier!
Il m’arrive de pester, d’être découragée, de vouloir tout plaquer comme la fois où j’ai supprimé ma page Facebook et les 4500 abonnée qui m’y suivaient, il m’arrive d’être désertée par l’inspiration, et de remettre chacune de mes décision en question.
Malgré tout, je me lève chaque matin en me disant que j’ai une chance incroyable de pouvoir professionnaliser ma passion. Et si je suis vraiment dans un creux de vague, je pense à mes super lectrices, et je me rappelle pourquoi je veux continuer ^^
Finalement, mon histoire est banale…
J’étais lectrice de romances, et j’ai eu envie d’écrire à mon tour des histoires. On est combien dans ce cas? Quel que soit le genre, d’ailleurs, on a à peu près toutes et tous le même parcours. Celui d’une passionnée de lecture qui veut aller plus loin. À la question “Comment je suis devenue autrice de romances?” j’aurais sûrement pu résumer en répondant: “Comme tout le monde se lance dans l’écriture…”