Se lancer en autoédition pour publier ses romances, est-ce une bonne idée? Voilà une question qui revient assez pour justifier d’en faire un article.
L’autoédition a énormément évolué, ces 10 dernières années. Aujourd’hui, on envisage de se tourner vers ce moyen de publication pour une autre raison que le dépit. Il s’agit d’un mode d’édition de plus en plus séduisant. Les jeunes autrices qui commencent l’écriture de leur première romance se demandent déjà comment publier leur texte.
Avant, on savait qu’une soumission aux maisons d’édition traditionnelles était incontournable. Maintenant, il existe un réel choix. Voilà pourquoi il est normal de s’interroger sur l’édition indépendante. Est-ce viable de se lancer en autoédition quand on débute?
Je suis convaincue que la vraie question à se poser est la suivante : suis-je faite pour me lancer en autoédition? Car ce n’est pas un statut qui conviendra à tout le monde, et de cette réponse découlera celle de la question sur la viabilité.
Se lancer en autoédition, aujourd’hui, ça signifie quoi ?
Quand on parle d’autoédition, on pense immédiatement que c’est un second choix. Si on en arrive à s’autoéditer, c’est qu’aucune maison d’édition n’a retenu notre manuscrit. C’était le cas pour la majorité des autoédités, il y a plus de 15 ans.
En 2023, l’autoédition a sûrement encore du chemin à faire pour que les mentalités évoluent. Mais il est sûr que les outils et possibilités sont nombreux et à la portée de toustes.
Quand on souhaite se lancer en autoédition, ça ne signifie plus que notre livre sera bourré de fautes ni qu’il est illisible. Ça veut simplement dire qu’on opte pour une possibilité jusque-là dénigrée. La réputation de l’autoédition arrangeait bien le milieu éditorial, réactionnaire et ancré dans des traditions obsolètes.
Mais messieurs de l’Académie, messieurs les éditeurs dont les fesses ont creusé l’assise de vos chaises de bureau: il faut vivre avec son temps. Et ça signifie que de nos jours, l’autoédition peut être aussi qualitative que l’édition traditionnelle, pour peu qu’on se renseigne sur le sujet.
Comme je l’ai évoqué dans cet article, les plateformes d’autoédition sont de plus en plus nombreuses. Elles proposent des services abordables, fournis par des professionnels. Et les plateformes de vente en ligne compensent l’absence en librairies de la majorité des auteurices autoéditées.
Quand je parle d’autoédition, je ne fais pas référence à la définition poussiéreuse que beaucoup ont encore à l’esprit. J’évoque au contraire tout un état d’esprit moderne et dynamique. Et justement, pour se lancer en autoédition, la première qualité est d’avoir le bon mindset.

Avoir le bon mindset pour se lancer en autoédition
Le livre est un produit.
Si tu as compris ça, alors tu as déjà fait une bonne partie du chemin.
Je l’ai personnellement réalisé tardivement dans ma carrière d’autrice de romance. Ceci dit, j’en ai pris conscience au moment où j’ai décidé de me lancer en autoédition. Donc l’un dans l’autre, j’ai sauvé les meubles.
Sauf que si j’avais saisi cette notion plus tôt, ma carrière aurait sûrement pris un autre chemin. C’est pour ça qu’il me paraît essentiel de t’en parler dans cet article. Il faut que tu saches dès à présent si tu as le bon état d’esprit.
Et ça commence par accepter que le livre, en l’occurrence ta romance, est un produit. Un produit qui répond à une demande: celle du lectorat. En d’autres termes: derrière la volonté de se lancer en autoédition, il y a l’intention.
Bien sûr, tu souhaites être lue. C’est évident. Mais tu souhaites également vendre. On a du mal avec cet association, en France. On voit d’un mauvais œil le mélange du créatif et du lucratif. Pourtant, personne ne cille lorsqu’une maison d’édition vend un livre. Et pour cause: tout le monde comprend que des investissements sont faits, et qu’il est logique d’attendre un retour sur investissement.
Il en va de même quand tu es en autoédition. Tu vas investir, que ce soit du temps et de l’argent, et tu vas avoir besoin d’un retour sur investissement. Sinon, c’est que l’écriture est un hobby. Comme je le dis souvent, ce n’est pas un souci. Mais si tu veux faire carrière, tu ne peux plus voir cette activité de cette façon.
Avoir le bon mindset quand on a pour ambition de se lancer en autoédition, c’est accepter d’entrer dans une logique marketing. Et le produit au centre de cette logique est bien entendu ton livre.

Se lancer avec l’esprit entrepreneurial
Dis-toi que te lancer en autoédition revient à ouvrir une entreprise. D’ailleurs, il te faudra le faire, puisque tu as besoin d’un statut juridique. Le plus courant étant l’autoentreprise (aussi appelée microentreprise). Le souci, à mon avis, et qu’il est devenu tellement facile de monter son entreprise, comme de s’autoéditer, qu’on en oublie l’essentiel.
Ce ne sont pas des statuts adaptés à tout le monde.
Pour se lancer en autoédition, il faut avoir l’esprit entrepreneurial. Car tu deviens alors ta propre patronne, ton employée, ta comptable, ton attachée de presse, etc.
Si ton objectif, encore une fois, est d’en vivre et de faire carrière: tu dois savoir ce qui t’attend. Il ne suffit pas de publier sa romance sur les plateformes comme KDP et Kobo pour te dire “C’est bon, j’ai fait le job, je vais faire une petite sieste.”
Quand on est à son compte, on le sait: notre activité principale est rarement celle qu’on préfère. Tu ne passeras pas 100% de ton temps à écrire. Si tu parviens à y consacrer 50 % de tes journées, ce sera déjà top.
Car des tas de tâches, administratives mais pas uniquement, relèvent de ta responsabilité. Et elles n’ont rien à voir avec l’écriture.
Si tu sais déjà que tu n’as pas l’âme d’une entrepreneuse, l’autoédition ne sera probablement pas pour toi. Et tu sais quoi? Ce n’est pas grave! Toutes les possibilités ne conviennent pas à tout le monde. Au contraire: on a le choix. C’est ça qui est génial! Tu peux décider de te lancer en autoédition, ou tu peux préférer l’édition traditionnelle. Tu peux même faire les deux, comme je t’en parlais dans l’article sur le statut hybride.
L’important est de garder en tête ce qu’implique de se lancer en autoédition, même partiellement. Car personne ne le fera à ta place…

Envie de te lancer en autoédition et de travailler dur ?
On pourrait croire que j’essaie de te dissuader de te lancer en autoédition. Mon but est davantage de t’y préparer en toute honnêteté. T’éviter les mauvaises surprises me tient à cœur. Pour en avoir percuté plusieurs, je préfère t’épargner la collision frontale.
Toutes les autrices à leur compte te le diront: ça demande du travail. Beaucoup de travail. Et surtout, pour ne pas être submergée, ça demande une organisation en béton armé doublé d’une porte blindée.
Imagine si tu avais été obligée de suivre tes années collège en solo, chez toi. Et qui sait, ça t’est peut-être arrivé? Tu as tous les supports de cours, un ordinateur, tu es hyper bien équipée. Mais tu n’as aucune idée de comment gérer tout ce que les profs font habituellement. Bien sûr, tu peux lire les cours, apprendre les leçons, faire les exercices. Et dit comme ça, ça ne paraît pas si compliqué.
En réalité, tu as beaucoup de risques de foncer dans le mur. Surtout si tu n’as aucune méthode d’organisation et de travail.
L’autoédition, c’est pareil. Cette forme de publication demande une rigueur qui ne vient pas naturellement. Ça se travaille, ça s’apprend, ça se teste. Et ça demande un investissement énorme, surtout au début.
Voilà pourquoi j’estime qu’une qualité essentielle pour se lancer en autoédition est d’être prête à travailler dur. Et aussi à se former. Car si en édition traditionnelle tu portes uniquement la casquette de l’autrice, en autoédition, tu possèdes un dressing entier rempli de toutes sortes de chapeaux.

La Dream Team pour te lancer en autoédition !
Ce qui m’amène à te conseiller d’envisager ton statut d’autrice autoéditée comme celui d’une cheffe d’entreprise. Et pas seulement d’entreprise où tu es seule à bord: au contraire. Il est capital que tu saches t’entourer des bonnes personnes. Plus que ça: des bons professionnels.
Comme le disait mon ancienne coiffeuse à domicile: chacun son métier et les vaches seront bien gardées.
Si ta spécialité est d’écrire, elle n’est pas forcément de réaliser une couverture, de faire la mise en page de ton livre papier, de créer un livre numérique, de contacter les personnes qui liront ta romance en service de presse, de gérer ton compte Facebook et Instagram, de lancer une pub Amazon etc.
Tu peux apprendre sur le tas. Tu peux improviser, surtout si tu viens de te lancer en autoédition. Tu n’as pas encore de revenus liés à cette activité. Tu vas vouloir économiser…
C’est une erreur. Je l’ai commise. Il m’a fallu 2 ans pour réaliser que je devais investir dans mon entreprise, comme on apporterait un capital de départ. Tu n’as pas besoin de dizaines de milliers d’euros. Et si tu connais des professionnels de qui tu es assez proche pour que vous échangiez vos compétences, fonce! Je l’ai fait, et je pratique toujours le troc de ce genre, d’ailleurs. Mais quand ce n’est pas possible, je fais travailler des spécialistes dans les domaines qui me font défaut.
Et crois-moi, la différence est bien réelle. C’est ce qui fera passer ta romance du travail d’amateur à celui de professionnel. Il ne faut pas se dire “tant pis, je fais comme je peux”. Ce genre de raisonnement entérine la mauvaise réputation de l’autoédition. Alors que si on essaie d’appliquer le statut comme le font, entre autres, les Américaines: la qualité est au rendez-vous.
Ton équipe évoluera sûrement. C’est le cas de la mienne. Les personnes qui travaillent aujourd’hui sur mes livres ne sont pas les mêmes que celles à qui je faisais appel il y a 4 ans. Il peut être difficile de trouver la perle rare avec qui tu vas vraiment te sentir à l’aise, sur la même longueur d’onde. Toutes les tentatives et chaque essai te menant à ton équipe de chic et de choc, ta Dream Team, en vaut la peine.

Alors, prête à te lancer dans l’autoédition de ta romance ?
Pour résumer, voici les qualités requises, à mon avis, pour se lancer en autoédition:
- Avoir le bon mindset et accepter l’idée que le livre est un produit
- Avoir l’esprit entrepreneurial
- Ne pas avoir peur de travailler dur
- S’entourer des bons professionnels
Je ne dis pas qu’il est impossible de se lancer en autoédition si on ne respecte pas ces critères. Mais crois-moi, je suis loin d’être la seule à les considérer essentiels. Nous sommes beaucoup à nous lancer en autoédition, aujourd’hui, et ce n’est pas un secret: sans être correctement armée, tu risques de te vautrer.
Je radote, mais oui, je sais qu’il existe des exceptions à ce modèle. Mais elles sont précisément des exceptions pour une bonne raison. Garde à l’esprit que te lancer en autoédition demande de te préparer pour mettre toutes les chances de ton côté. Ta carrière te remerciera.


